Le premier ministre Jean Charest a déclaré mardi que des discussions sont en cours avec la multinationale Goldcorp concernant le financement d'une route qui doit être construite vers une mine d'or dans le Nord du Québec.

Ce tronçon de 60 km, dont la construction est estimée par Goldcorp [[|ticker sym='T.G'|]] à près de 40 millions de dollars, permettrait de relier le site Éléonore à une route qui se termine à la centrale de la Sarcelle d'Hydro-Québec, à 600 km au nord de Val-d'Or.

Lors d'un point de presse sur le site minier, M. Charest a affirmé que la participation financière du gouvernement est conditionnelle au développement d'un deuxième projet dans le secteur, où d'autres entreprises sont actives.

Le premier ministre a ajouté que les entreprises minières devraient être en mesure de partager des coûts dans le développement d'infrastructures.

«Quand on tombe dans un scénario où il y a plusieurs projets sur plusieurs infrastructures, partagées, où un bien commun, là l'État peut jouer un rôle dans le financement», a-t-il dit.

L'ancien premier ministre péquiste Jacques Parizeau a sévèrement critiqué le Plan Nord, l'automne dernier, accusant le gouvernement de faire preuve d'une trop grande générosité envers les minières qui réclament des infrastructures.

M. Charest avait alors répliqué que le financement de tels projets ne serait accordé que s'ils servent le «bien commun».

En marge d'une mission visant à promouvoir le Plan Nord, son projet phare, M. Charest a confirmé que des pourparlers sont en cours avec Mines Opinaca, la filiale de Goldcorp qui gère le site Éléonore.

«On est en discussion, mais pour arriver à la conclusion qu'on met une contribution financière de l'État québécois, il y a des conditions à remplir, a-t-il dit aux journalistes. Et ça, ça inclut, et on n'est pas rendu là encore, un autre projet ou encore une formule de partage de coûts.

«Parce que l'autre dimension aussi, c'est là où il y a des projets multiples, on veut qu'il y ait un partage des infrastructures de la part des entrepreneurs.»

Le directeur général de Mines Opinaca, Guy Belleau, a d'abord nié que des discussions sont en cours à propos d'un financement gouvernemental, pour ensuite se raviser.

«C'est possible qu'il y ait des discussions, a-t-il dit. Il y en a eu dans le passé parce qu'on consulte beaucoup, non seulement les communautés, mais on consulte le gouvernement aussi quand vient le temps de passer un projet aussi important que la route.»

Questionné sur la notion de «bien commun», M. Belleau a soutenu que la route profiterait aussi aux nombreuses entreprises d'exploration minière dans le secteur, dont Mines Virginia et Mines Aurizon.

«On a annoncé qu'on faisait la construction de la route et puis cette route-là, un jour, va devenir une route publique», a-t-il dit.

Goldcorp, dont le siège social est à Vancouver, développe actuellement le site Éléonore, où elle souhaite amorcer l'extraction d'or d'ici décembre 2014, pour une production estimée à 600 000 onces par année, sur une période de 20 ans.

La construction d'une route offrirait un accès permanent au site, qui dépend actuellement du transport en hélicoptère ou en barge, en été. Un chemin est praticable, mais seulement en hiver.

La société minière évalue le coût de construction de la route à 30 millions de dollars, mais le total s'élève à près de 40 millions, en incluant deux ponts qui sont déjà construits.

L'entreprise, qui prévoit avoir investi 2,2 milliards dans le développement de la mine, d'ici 2017, souhaite amorcer la construction de la route cette année.

M. Belleau a affirmé que le site Éléonore pourrait donner lieu au développement d'une ville, tout comme ce fut le cas pour Val-d'Or ou plus particulièrement Chibougamau, qui a vu le jour après la construction d'une route, maintenant la 167, par une entreprise minière.

«Est-ce qu'on pourrait être de même un jour? Je dirais que c'est fort probable», a-t-il dit.

Tout comme les travailleurs qui construisent actuellement la mine, les 400 qui travailleront de façon permanente à son exploitation seront sur des rotations de sept à 14 jours de travail consécutifs, ce qui leur permettra de rentrer chez eux pour des périodes équivalentes.

M. Charest n'a pas écarté la possibilité qu'une ville permanente puisse voir le jour dans le secteur à moyen ou long terme, si jamais l'activité économique se développe suffisamment.

«On sait qu'on est dans un nouveau monde de possibilités, a-t-il dit. À travers le Plan Nord, il y a tout un phénomène d'ouverture du territoire, qu'on n'avait pas auparavant. C'est comme ça que Val-d'Or et Rouyn-Noranda ont été créées. Alors c'est possible, mais à court terme on ne créera pas d'attentes.»

Avec la visite de l'installation de Goldcorp, M. Charest a complété une mission de trois jours visant à développer les relations entre des entreprises de la région de Québec avec les projets en cours dans le Nord.