Le président de la FTQ, Michel Arsenault, «implore» Rio Tinto Alcan d'inviter le syndicat de ses travailleurs à la table de négociation, à Alma, pour reprendre les pourparlers.

Au cours d'une conférence de presse à Montréal pour parler des perspectives pour 2012, M. Arsenault s'est dit persuadé, jeudi, que ce conflit de travail pouvait être dénoué.

«J'implore Rio Tinto à remettre la table, à appeler le syndicat. Je le répète encore: c'est le dialogue qui fait le succès des relations de travail. Je pense que les deux parties devraient s'asseoir et tenter de dénouer cette impasse-là», a lancé le président de la FTQ, la centrale à laquelle est affilié le Syndicat des métallos, auquel est lui-même affilié le syndicat local de l'aluminerie.

La direction de Rio Tinto Alcan a mis ses 780 travailleurs d'Alma en lock-out, le 1er janvier. L'usine est toujours exploitée depuis, mais par des cadres et avec une production d'aluminium réduite.

La direction a obtenu une injonction pour limiter le nombre de piqueteurs à l'entrée de l'usine et pour les éloigner des cadres qui entrent au travail.

L'enjeu du conflit porte sur le recours à la sous-traitance. La multinationale veut ainsi réduire ses coûts de main-d'oeuvre, alors que le syndicat affirme se battre pour maintenir les emplois actuels et s'assurer d'offrir de bonnes conditions aux futurs employés dans la région.

Mais le président de la FTQ s'indigne de cette tendance au recours à la sous-traitance. «Ça va arrêter où ça? La journée que ces employeurs-là n'auront plus d'employés à leur solde, mais juste des cadres? Et tous les travailleurs manuels vont travailler pour des contracteurs, à la moitié du salaire d'aujourd'hui?» s'est-il demandé.

«La bataille de ces gens-là, c'est pour garder une classe moyenne au Saguenay-Lac Saint-Jean. Ce n'est pas une question salariale; ces gens-là font 34 $ ou 35 $ de l'heure. Mais le problème, c'est que chaque fois qu'il y en a un qui disparaît, plus souvent qu'autrement il est remplacé par un employé de contracteur à 14 $, 15$ ou 16 $ de l'heure. Et ça, c'est inacceptable», a conclu le dirigeant syndical.

La direction de Rio Tinto Alcan dit refuser de s'attacher les mains en acceptant un «plancher d'emplois» dans l'usine. Elle veut continuer de faire affaire avec des sous-traitants pour conserver une certaine «flexibilité».

La direction locale de l'aluminerie veut conserver de la souplesse dans la gestion de sa main-d'oeuvre afin de s'adapter, le cas échéant, aux changements technologiques, à l'automatisation, à la compétition, aux conditions économiques qui pourraient changer et aux nouveaux produits.

M. Arsenault voit dans ce conflit de travail dans une aluminerie un combat plus large. «La bataille des gens d'Alma, ils la font pour leur région, ils la font pour les générations qui suivent. Ce qu'ils veulent, c'est que les gens qui travaillent sur les installations de Rio Tinto Alcan puissent bénéficier de la convention collective qu'eux ont dans le futur. C'est une bataille fort noble, quant à nous», a-t-il opiné.