La crise européenne et la récente baisse de la production manufacturière chinoise n'y changent rien: le prix du pétrole ne devrait pas diminuer en 2012 tandis que ceux des principaux métaux, le cuivre en tête, devraient repartir à la hausse. Une petite consolation pour le consommateur: après une hausse de plus de 10% en 2011, les prix des denrées alimentaires pourraient retraiter.

Le pétrole, qui a terminé la journée tout juste sous les 100$US hier à New York, évolue pourtant dans une dynamique de baisse de prix, remarque BMO Marchés des capitaux dans la dernière édition de son indice sur le prix des ressources. Les productions libyenne et irakienne reprennent plus vite que prévu, tandis que la demande mondiale est touchée par la crise européenne et le ralentissement de la croissance asiatique.

Sauf que les tensions autour de l'Iran, qui exporte 2,6 millions de barils par jour, devraient suffire à ajouter au cours normal du pétrole une importante prime de risque.

BMO anticipe un prix de 95 $ US le baril en 2012, tout comme Patricia Mohr, spécialiste du marché des ressources à la Banque Scotia, qui publie elle aussi un indice mensuel du prix des ressources.

Remontée du cuivre

Les deux institutions prévoient que le cours du cuivre, métal baromètre de l'économie mondiale, rebondira après un recul de 27% depuis son sommet de février.

Il se négociait à 3,40 $ US la livre hier à Londres et le Financial Times rapportait avant Noël que les fonds spéculatifs ont majoritairement adopté des positions à découvert.

L'offre de cuivre restera en déficit, même si la production minière mondiale augmentera de 6%, écrit Patricia Mohr. C'est que la demande chinoise, malgré quelques signaux négatifs reçus récemment, reprendra de la vigueur au printemps.

Au début du mois, la Chine - qui accapare 42% de la demande mondiale de cuivre, de zinc, de nickel et d'aluminium - a repris une attitude «procroissance» en relâchant certaines règles qui resserraient le crédit, observe Mme Mohr.

Le prix remontera donc en 2012, d'après Scotia (3,90 $) et BMO (3,75 $), même si cela ne sera pas suffisant pour rattraper la moyenne des prix de 2011 (environ 4 $ US). Les prix des autres métaux de base (zinc, aluminium, nickel) devraient aussi reprendre du terrain en 2012.

Prix des denrées

De novembre 2010 à novembre 2011, les prix des denrées agricoles ont augmenté de 19%, selon l'indice de BMO, et de 10,5%, selon celui de Scotia, qui comprend davantage d'éléments.

Les prix ont atteint un sommet au printemps et diminuent depuis. La réduction se poursuivra, s'il n'en tient qu'à BMO.

Le prix du blé, bénéficiant d'une hausse de la production globale, devrait passer de 9,58 $ US le boisseau à la mi-décembre à 8,50 $ en 2012, puis 8 $ l'année suivante. Toujours selon BMO, le cours de la viande bovine diminuera de 9% par rapport à son prix de novembre, tandis que le cours du porc devrait rester stable. Le prix du canola, dernier élément considéré par BMO, subira toutefois une augmentation marquée de 17%.

Le soufre, roi de 2011

En 2011, le prix des principales ressources exportées par le Canada a globalement augmenté, malgré les reculs abrupts qui ont suivi les sommets du printemps.

D'après l'indice de la Banque Scotia pour la période de novembre 2010 à novembre 2011, les prix des métaux et minéraux ont grimpé de 7,8% et ceux du pétrole et du gaz naturel de 14,9%. Seuls les prix des produits forestiers sont en recul (-6,2%).

Pour avoir fait le meilleur investissement possible dans le secteur des ressources, c'est sur le soufre (utilisé dans les fertilisants) qu'il aurait fallu parier. Le prix a bondi de 43,1% entre décembre 2010 et le 16 décembre 2011.