Malgré une baisse de la demande, la Chine maintient le cap et refuse d'ouvrir les vannes de ses exportations de terres rares. Pour ses premiers envois de 2012, elle réduira même de 27% la hauteur de ses exportations, mais prévoit rétablir ses quotas pour la prochaine année à leurs niveaux de 2010 et de 2011.

La Chine contrôle environ 95% des stocks mondiaux de terres rares de la planète. Ces minéraux, qui sont indispensables à la fabrication de turbines, de téléphones intelligents et d'une gamme d'autres produits de haute technologie, ont vu leur demande grimper en flèche au cours des années 2000.

Profitant de la soudaine embellie pour ces métaux, le gouvernement chinois a entrepris depuis 2006 de réduire ses quotas d'exportation de 5 à 10% par année, prétextant vouloir protéger ses réserves d'un épuisement trop rapide.

La stratégie a fait exploser la valeur des terres rares, mais a également amené les pays importateurs à trouver de nouvelles sources où s'approvisionner et les entreprises à développer des technologies requérant moins de ces minéraux.

En ajoutant à cela les effets du ralentissement économique, la demande pour les terres rares a considérablement diminué au cours de la dernière année. Selon le producteur australien Lynas Corp, le prix de deux d'entre eux, le lanthane et le cérium, a même chuté d'environ 60% au cours du dernier trimestre seulement.

Dans une déclaration officielle, le gouvernement chinois a indiqué qu'«afin de protéger la demande internationale et maintenir la stabilité des réserves de terres rares, les quotas totaux d'exportation pour 2012 allaient pratiquement être les mêmes que ceux de 2011».

Le pays modifie toutefois sa méthode de calcul des quotas et les sépare selon la nature des minéraux qu'ils visent.

Les terres rares forment un groupe de 17 minéraux aux propriétés uniques. En distinguant les terres rares dites «lourdes» de celles dites «légères», les autorités chinoises croient qu'il y aura maintenant une meilleure adéquation entre l'offre et la demande.

À terme, les spécialistes s'attendent à ce que la Chine exporte pour environ 31 130 tonnes métriques de terres rares en 2012, en légère augmentation par rapport aux valeurs de 30 184 et de 30 258 enregistrées respectivement en 2011 et 2010.

«La Chine dit qu'elle ne souhaite pas fournir le monde en terres rares indéfiniment. Elle signale donc qu'elle va diminuer son offre et espère que d'autres mines prendront le relais», a déclaré Geoff Bedford, vice-président de Neo-Technologies, une entreprise qui exploite des terres rares en Chine.

Plus de 350 projets de mines de terres rares sont maintenant en développement dans 35 pays de la planète, dont le Canada. Au cours des prochaines années, quelque 40 000 tonnes de terres rares non chinoises devraient s'ajouter aux 125 000 tonnes produites par la Chine.