Les prix du baril de pétrole ont bondi au-delà des 100$ mardi à New York, dopés par les tensions croissantes entre l'Occident et l'Iran, qui a menacé de bloquer un détroit essentiel pour les approvisionnements en or noir.

Le baril de «light sweet crude» pour livraison en février a terminé à 101,34$ sur le New York Mercantile Exchange, en progression de 1,66$ par rapport à vendredi.

À Londres, sur l'IntercontinentalExchange, le baril de Brent de la mer du Nord à échéance identique a gagné 1,31$ à 109,27$.

Les marchés américains étaient fermés lundi pour Noël et les volumes sont restés faibles mardi, jour férié au Royaume-Uni.

«Tout le monde a en tête les tensions géopolitiques», a résumé Rich Ilczyszyn, courtier pour iiTrader.com.

Les cours avaient déjà progressé tous les jours la semaine dernière sur le marché new-yorkais, engrangeant au total 6$ mais se heurtant aux 100$. Hésitants au début de la séance mardi, ils ont franchi ce seuil très symbolique lorsqu'un haut responsable iranien a menacé de fermer le détroit d'Ormuz en cas de sanctions contre les exportations pétrolières iraniennes.

«Si on devait adopter des sanctions contre (les exportations) de pétrole iranien, aucune goutte de pétrole ne transiterait par le détroit d'Ormuz», a prévenu le premier vice-président iranien, Mohammad Reza Rahimi.

«L'Iran adopte une posture bien plus ferme, cela soutient les prix», a estimé Jason Schenker, de Prestige Economics.

«Fermer le détroit d'Ormuz aurait non seulement des répercussions sur l'offre en provenance d'Iran, mais aussi de nombreux membres de l'OPEP», l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, a-t-il souligné.

Quelque 40% du trafic maritime pétrolier mondial transite par ce détroit contrôlé par Téhéran, autour duquel l'Iran a entamé samedi dix jours de manoeuvres militaires.

L'Union européenne avait indiqué début décembre réfléchir à un possible embargo sur le pétrole de l'Iran, accusé par les Occidentaux de développer un programme nucléaire à visée militaire.

Phil Flynn, de PFG Best, a également constaté des «tensions de plus en plus fortes» dans plusieurs pays producteurs d'or noir, notamment au Moyen-Orient.

Les violences persistent en Syrie, rappelant que les tensions du monde arabe, qui ont agité le marché pétrolier tout au long de 2011, n'ont pas disparu.

Au Nigeria, l'un des tout premiers producteurs de brut en Afrique, des attentats ont fait une quarantaine de morts pendant les fêtes de Noël, dont 35 dans une église catholique près de la capitale fédérale, Abuja, faisant craindre une flambée de violences.

«Cela soutient les prix. Mais côté négatif, l'incertitude persiste en Europe» concernant la crise de la dette, a relevé M. Flynn, observant une certaine «réticence» du marché à s'installer à plus de 100$.

Sur le plan macroéconomique, les cours ont aussi profité mardi de la hausse de l'indice de confiance des consommateurs du Conference Board aux États unis, le premier pays consommateur d'or noir. L'indicateur est remonté en décembre à son plus haut niveau depuis avril.