Malgré les concessions qu'ils ont faites pour sauver leur employeur de la faillite, les travailleurs de Produits forestiers Résolu (AbitibiBowater) ne sont pas au bout de leurs peines. L'entreprise a licencié hier 150 employés à Saguenay et 150 autres emplois sont menacés à son usine de Shawinigan.

La bombe politique de l'usine Kénogami vient de sauter

La décision de fermer définitivement une des deux machines de l'usine Kénogami de Saguenay était dans l'air, mais elle n'est pas plus facile à avaler pour autant pour les employés. «Encore la semaine dernière, on nous parlait seulement d'une fermeture temporaire, déplore Renaud Gagné, vice-président du Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier (SCEP-Québec) et porte-parole syndical. C'est pour le moins étrange, cette manière de faire et surtout très dur pour le moral des travailleurs juste avant les Fêtes.»

Résolu [[|ticker sym='T.ABH'|]] affirme que la machine, qui cessera de tourner vendredi, a atteint la fin de sa vie. «C'est une machine qui date des années 20 et dans laquelle il était difficile d'investir davantage», a précisé Pierre Choquette, porte-parole de l'entreprise.

Selon lui, il est même impossible de convertir cet équipement pour faire autre chose que le papier à encarts publicitaires qu'il fabriquait. «Les projets de conversion, on n'y pense même pas», a-t-il dit.

Résolu affirme que la fermeture d'une des deux machines de son usine Kénogami fait partie de son plan d'affaires, dont tous les éléments sont connus. Il est question de relancer les activités à Gatineau et à Dolbeau, et de fermer une des deux machines de son usine de Shawinigan. Encore 150 emplois pourraient disparaître si ce scénario se réalise.

Décimé, le secteur des pâtes et papiers ne voit pas encore de lumière au bout du tunnel. Vendredi dernier, la société papetière White Birch a annoncé la fermeture de son usine de Québec, qui emploie 600 personnes, pour une durée indéterminée.

Dans ce cas, il ne s'agit pas d'une fermeture permanente, estime le représentant syndical Renaud Gagné, qui croit qu'il s'agit plutôt d'une tactique de négociations de la part de l'entreprise.

White Birch s'est placée sous la protection de la loi en février 2010 pour éviter la faillite. Elle a trouvé des acheteurs pour ses trois usines québécoises, situées à Québec, Rivière-du-Loup et Masson, mais la transaction ne se réaliserait qu'au prix de l'abandon du régime de retraite, ce que les employés ont refusé.

Tant White Birch que Résolu font pression sur le gouvernement québécois et sur leurs employés pour obtenir un allégement de leurs obligations. En Nouvelle-Écosse, le gouvernement et les syndiqués viennent d'accéder aux demandes de Résolu pour éviter la fermeture d'une usine et la perte de 300 emplois. L'entreprise a obtenu entre autres un prêt de 25 millions de dollars et un rabais de taxes de 15%.

Au Québec, Résolu poursuit les discussions. «On ne commente pas le contenu de ces discussions sur la place publique», a dit hier son porte-parole.

Selon Pierre Choquette, sur les 150 emplois qui disparaitront à l'usine Kénogami, il y a 25 postes vacants ce qui ramène le nombre de licenciements à 125.

Il restera 290 travailleurs à Saguenay, mais ils seront en congé forcé du 23 décembre au 3 janvier, parce que la seule autre machine de l'usine cessera ses activités pendant cette période.

Le titre de Résolu a perdu 7 cents hier à la Bourse de Toronto, à 15,26$.