L'usine de Québec de la compagnie Papiers White Birch a cessé ses activités vendredi, pour une période indéterminée. Cette décision jette au chômage 600 travailleurs.

«C'est sûr qu'il y a beaucoup d'amertume et de désolation de se faire fermer avant Noël», a laissé tomber avec dépit le vice-président québécois du Syndicat des communications, de l'énergie et du papier (SCEP-FTQ), Renaud Gagné.

White Birch recherche un nouvel acquéreur mais le déficit actuariel du régime de retraite des employés, qui est évalué à 230 millions, fait obstacle aux démarches.

White Birch aurait voulu former un consortium avec Black Diamond pour racheter les usines de Québec, Rivière-du-Loup et Gatineau, mais aurait exigé la terminaison des régimes de retraite, ce à quoi le SCEP s'objecte.

Le syndicat a porté le dossier de la fermeture en Cour supérieure du Québec, alléguant que l'arrêt de la production est un lock-out illégal puisque Papiers White Birch est en négociation avec ses syndiqués. De plus, l'entreprise s'est placée sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers il y a près de deux ans, ce qui la dépouille du droit au lock-out.

«La partie patronale a produit un rapport indiquant que c'est pour des raisons économiques qu'on ferme, mais nous maintenons que c'est un lock-out déguisé pour forcer l'acceptation de concessions au niveau du régime de retraite», a indiqué M. Gagné.

Il ajoute que la situation objective de l'entreprise semble donner raison au syndicat à première vue.

«C'est assez facile de faire une démonstration pour le juge et de dire: 'nous fermons pour des raisons économiques'. Mais, dans les faits, le carnet de commandes est plein, ça coûte plus cher d'être arrêté que de produire et les inventaires ne sont pas élevés», a-t-il précisé.

Cependant, le juge Robert Mongeon, qui siège à Montréal, n'a pas encore rendu sa décision malgré l'imminence de la fermeture de l'usine de Québec. Bien qu'il s'attende à un jugement avant la période des Fêtes, Renaud Gagné n'est pas optimiste quant à une résolution rapide du fond de l'affaire car elle représente un précédent d'importance.

«Ce sont des questions qui sont très complexes parce que c'est la première fois que ça se pose dans une situation de Loi sur les arrangements avec les créanciers des entreprises, a-t-il fait valoir. Ça risque de faire jurisprudence. Peu importe la direction, ce sera probablement porté en révision judiciaire, peut-être jusqu'à la Cour d'appel et à la Cour suprême. Donc, une réponse qui va régler tout ça n'est pas pour demain.»

Il espère désormais une intervention politique pour faire progresser le dossier.

«Nous allons tout mettre en oeuvre pour redémarrer cette usine. Le SCEP va apporter un soutien complet aux travailleurs, aux retraités et à leurs familles, a-t-il promis. Pour nous, ce qui est super important, c'est de travailler avec (le ministre du Développement économique) Sam Hamad pour trouver des solutions afin de relancer cette usine, pas seulement à court terme mais à moyen et long terme, parce qu'il va falloir des investissements additionnels.»

Pour sa part, la députée péquiste de Taschereau, Agnès Maltais, a vivement dénoncé le président de White Birch, Christopher Brant, pour la mise à pied des 600 travailleurs après qu'il se soit versé 5,8 millions dans les trois premiers mois de 2011.