Établir une politique de qualité de l'essence et du diesel centrée sur l'utilisation des produits pétroliers ayant le moins d'impact sur l'environnement: cette mesure actuellement à l'étude par les parlementaires européens devrait aussi être envisagée par les Canadiens, selon un député de l'Union européenne.

De passage à Montréal à l'invitation du groupe canadien Réseau Action Climat, le député Kriton Arsenis, aussi membre de la Commission européenne de l'environnement, a présenté à La Presse Affaires la Directive européenne sur la qualité des carburants. Ce projet de loi, qui cherche à favoriser l'utilisation de pétrole ou de diesel dont l'extraction, le transport et le raffinage ont un impact minimal sur l'environnement, est un plan que le député d'origine grecque espère voir adopté par tous les pays, dont le Canada.

«Nous souhaitons que nos politiques sur le climat deviennent réalité à travers le monde. L'Europe doit être un modèle, tout comme le Canada, dont les politiques ont souvent fait de lui un exemple à suivre», affirme-t-il.

En vertu d'un plan adopté en 2009, les pays de l'Union européenne cherchent à réduire d'ici 2020 de 6% l'empreinte carbone des carburants utilisés dans le secteur du transport. Une mesure qui favorise l'utilisation des produits pétroliers dont l'impact environnemental, du puits jusqu'au réservoir, est le plus faible.

L'empreinte carbone, mesurée en termes de quantité de carbone émise par unité de carburant brûlé, n'est pas favorable à l'entrée du pétrole extrait des sables bitumineux dans la composition de l'essence utilisée en Europe. Alors que l'empreinte carbone du pétrole brut se chiffre à 87,5 grammes d'équivalent de gaz carbonique par mégajoule (gCO2 eq/ mJ), celle du pétrole extrait des sables bitumineux se chiffre à 107, soit 22,3% de plus.

À titre comparatif, le pétrole extrait du schiste bitumineux est perçu comme étant beaucoup plus polluant. Produit phare de l'économie estonienne, son impact environnemental est évalué à 131,3 gCO2eq/ mJ, malgré la présence de l'Estonie au sein de l'Union européenne.

Kriton Arsenis rappelle d'ailleurs que ce projet de loi ne s'attaque pas au Canada, même s'il pourrait nuire à l'achat par l'Europe du pétrole issu des sables bitumineux canadiens.

«Il y a une mésentente vis-à-vis de notre projet de loi. Le Canada n'a pas à se sentir visé par notre projet de loi puisque nous ne visons pas de pays en particulier, mais cherchons seulement à mettre en place une politique pour réduire les émissions de gaz à effets de serre de l'Europe», explique-t-il.

Une fois adopté, cette loi agira comme un «accélérateur à l'innovation» selon le député européen. Elle permettra de favoriser l'émergence du secteur des biocarburants, mais aussi d'améliorer les techniques de production des produits pétroliers plus polluants, comme le sont les sables bitumineux. D'ailleurs, la valeur de l'empreinte carbone est une mesure modulable, selon Kriton Arsenis. «Les valeurs attribuées à chaque type de produit pétrolier sont appelées à changer si on nous présente des données qui démontrent une amélioration des techniques de production du pétrole», explique-t-il.