S'il était question d'effervescence dans le secteur minier depuis quelques années, on peut maintenant parler d'explosion sans crainte de tomber dans l'hyperbole: le Québec devrait livrer en 2011 des produits miniers dont la valeur dépassera pour la première fois le seuil des 7 milliards de dollars, et même 8 milliards du même coup. Les dépenses d'exploration devraient bondir de plus de 40% pour atteindre plus de 700 millions, un autre record non équivoque.

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L'Institut de la statistique du Québec (ISQ) a dévoilé ces nouvelles données hier à l'occasion de Québec Exploration 2011, un congrès qui rassemble dans la capitale les prospecteurs miniers de la province. Les données pour 2011 se basent sur les intentions des 336 sociétés sondées par l'ISQ en avril dernier.

La valeur des livraisons minérales, qui était encore de moins de 4 milliards en 2005, est passée à près de 7 milliards en 2010, et devrait surpasser les 8 milliards en 2011. La grande responsable de cette croissance est la hausse des prix des métaux, qui carburent à la demande des pays émergents, et la croissance de la valeur expédiée. Il n'est pas surprenant que les sociétés minières soient prêtes à mettre le prix pour profiter du contexte favorable.

L'investissement minier total au Québec (incluant l'exploration, la mise en valeur et l'aménagement des complexes miniers) devrait être de 2,9 milliards en 2011, soit le même niveau qu'en 2010, qui marquait d'ailleurs la septième hausse annuelle consécutive. Ces données tendent à montrer que ce n'est visiblement pas un cycle minier comme les autres, du moins pour le Québec. Car à partir de 2006, remarque l'ISQ, tant l'investissement que la valeur des livraisons minières ont quitté leur courbe d'évolution «normale» des 25 dernières années pour amorcer une poussée vers le haut.

Boom d'exploration, hausse des coûts

Si l'exploration est signe des investissements majeurs de demain, la poussée n'est pas près de s'arrêter. Les intentions de dépenses de 718 millions pour 2011 représentent presque le double des dépenses d'exploration et de mise en valeur de 2009, et sont bien au-delà du précédent sommet de 526 millions en 2008.

En 2010, les dépenses d'exploration ont totalisé 512 millions, d'après les données finales de l'ISQ. En excluant celles dont les dépenses ne dépassaient pas 25 000$, pas moins de 207 entreprises ont travaillé sur 467 projets différents. Les métaux précieux ont accaparé plus de la moitié des dépenses (54,1%), suivis par les métaux de base (17,1%) et l'uranium (8%). Les terres rares et le lithium rassemblent 6,8% des dépenses. Près de 60% des dépenses d'exploration sont l'affaire des sociétés junior.

L'effervescence de l'exploration a ses conséquences. «La croissance des dépenses d'exploration a une incidence marquée sur le prix des biens et services reliés au secteur, en particulier les entreprises de forage carottier dont le nombre de compagnies est restreint», observe l'ISQ.

Entre 2003 et 2010, le coût du forage est passé de 100 à 143$ le mètre.

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Dépenses d'exploration au Québec

2009 397 MILLIONS

2010 512 MILLIONS

2011 (prévision) 718 MILLIONS