Les cours des métaux industriels échangés au London Metal Exchange (LME) ont accéléré leur baisse cette semaine, le cuivre chutant notamment de 4% et le nickel de 5%, dans un marché suspendu aux convulsions de la zone euro, sur fond de craintes sur l'Espagne et l'Italie.

Les métaux de base ont battu en retraite pour la troisième semaine consécutive, ployant toujours sous les inquiétudes des investisseurs face à l'aggravation de la crise des dettes souveraines dans la zone euro, où l'Italie et l'Espagne voient les taux de leurs obligations s'envoler à des niveaux élevés, autour du niveau ingérable de 7%.

«Les prix des métaux perdent du terrain à mesure que les taux obligataires des pays périphériques de la zone euro continuent de grimper, le moral des investisseurs est emporté dans une spirale négative», a observé dans une note Robin Bhar, analyste de Crédit Agricole CIB, pointant «les dangers accrus d'une contagion de la crise aux sphères économiques et financières» dans le monde.

Le patron du géant minier anglo-australien BHP Billiton n'a guère contribué à rassurer les opérateurs en prévenant jeudi que certains clients «se montraient beaucoup plus prudents» dans la gestion de leurs stocks, quitte à restreindre leurs achats, sur fond de «perspectives économiques incertaines» et de forte volatilité du marché.

Dans ce contexte de grande fébrilité, les métaux peinaient à profiter de la série de statistiques encourageantes publiés cette semaine aux États-Unis, parmi lesquels un ralentissement de l'inflation et une hausse de la production manufacturière du pays.

«Cela a aidé un peu les cours» mais, de manière générale, «le marché des métaux reste attentiste, suspendu aux développements de la situation en Europe, qui semble ne pas cesser de se détériorer - au point que les grands pays asiatiques s'inquiètent de l'impact pour leurs économies», a expliqué William Adams, analyste pour la société britannique Fast Markets.

De fait, le commerce extérieur de la Chine (premier consommateur mondial de métaux précieux) commence à souffrir de la crise en Europe et aux États-Unis, alors que ses exportations ont diminué en octobre de 7% sur un mois.

Cependant, le ralentissement de l'inflation dans le pays pourrait inciter les autorités de Pékin «à assouplir leur politique monétaire pour stimuler leur économie, ce qui pourrait donner à son secteur industriel l'occasion de se revigorer», estimaient les experts de Deutsche Bank.

CUIVRE

Contrairement à l'abondance de l'offre lors de la crise financière de 2008, qui avait alimenté la chute des cours, le marché du cuivre «connaît actuellement des tensions croissantes, dues à une baisse générale de la qualité du minerai, à des problèmes techniques au Chili (premier producteur mondial), et à des grèves», relevait Gayle Berry, de Barclays Capital.

Ainsi, un mouvement social entamé en septembre continue de paralyser la mine géante de Grasberg (environ 4% de l'offre mondiale de métal rouge) en Indonésie: les dirigeants du groupe américain Freeport McMoran, qui contrôle le site, ont jugé cette semaine «excessives» leurs revendications salariales.

Autre facteur potentiel de tensions sur l'offre de cuivre, qui pourrait in fine apporter un soutien aux cours : la Zambie, 7e producteur mondial, a annoncé vendredi, le doublement des taxes qu'elle perçoit sur ses mines de cuivre.

Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s'échangeait à 7525 $ vers 10h30 contre 7623 $ le vendredi précédent.

L'aluminium valait 2105 $ la tonne contre 2169 $.

Le plomb valait 2060 $ la tonne contre 1996 $.

L'étain valait 21 300 $ la tonne contre 21 700 $.

Le nickel valait 17 850 $ la tonne contre 18 350 $.

Le zinc valait 1963 $ la tonne contre 1912 $.