Le Québec est chanceux. Grâce à ses ressources hydroélectriques, son économie dépend moins des énergies fossiles que celles des autres provinces canadiennes. Pourrait-il être le premier à éliminer le pétrole, qui coûte 18 milliards de dollars par année, de son bilan énergétique? Plusieurs pensent que oui. Voici comment.

Métro et autobus

Parce que 70% du pétrole consommé au Québec sert à des fins de transport, c'est dans ce secteur que les efforts doivent être concentrés. On estime que 85% des déplacements individuels se font en auto et, dans 67% des cas, il n'y a qu'une seule personne par voiture. «Il y a donc un énorme potentiel de réduction de la consommation de pétrole dans ce secteur», précise Philippe Bourke, directeur général du Regroupement national des conseils régionaux de l'environnement (RNCREQ), qui accueille à partir d'aujourd'hui à Shawinigan le Forum québécois sur l'énergie.

Se rapprocher des services

Il est possible de réduire les déplacements en voiture en choisissant d'habiter plus près de son lieu de travail et des services.

Voiture plus petite

Plusieurs modèles de voitures à faible consommation d'essence sont déjà sur le marché et en choisir une est déjà un pas dans la bonne direction. Un bon entretien aide aussi à réduire la consommation des véhicules, ce qui pourrait être encouragé par la mise en place d'un programme obligatoire d'entretien et d'inspection. Un tel programme permettrait de réduire de 3 à 5% la consommation de pétrole au Québec, selon l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique.

Mieux isoler

Il y a 300 000 ménages qui brûlent du mazout pour le chauffage et il est possible de réduire la facture avec une meilleure isolation. Des programmes existants, comme Rénoclimat, permettent de réaliser des économies de 25% à 50% sur la facture de chauffage.

Planification des villes

Une réduction significative de la consommation de pétrole du secteur du transport ne pourra se réaliser sans une révision de l'aménagement des villes pour favoriser les transports collectifs et réduire les distances à parcourir.

Encourager le transport électrique

Les véhicules électriques, qu'ils soient individuels ou collectifs, sont un moyen à la portée du Québec, qui a de l'électricité en abondance, pour réduire sa consommation de pétrole.

Rationaliser les livraisons

En gérant mieux les déplacements, il est possible de diminuer significativement la consommation de pétrole dans le transport des marchandises. Les centres de transfert, où les marchandises sont transbordées dans des véhicules plus petits pour la livraison, sont un exemple de meilleure gestion. L'utilisation accrue du train et du bateau peut aussi contribuer. La moitié de la production d'aluminium de l'usine Alouette, à Sept-Îles, fait une partie du trajet vers sa destination en barge, sur le Saint-Laurent. Un navire consomme de 10 à 20% seulement de l'énergie d'un camion pour une tâche équivalente.

Les biocarburants

Les biocarburants, notamment ceux qui sont générés par les lieux d'enfouissement, peuvent contribuer davantage à réduire la quantité de pétrole consommé dans le secteur du transport.

Utiliser la biomasse

Pour le chauffage, les granules de bois et autres formes de biomasse peuvent réduire la consommation de pétrole, et pas seulement dans le secteur résidentiel. L'hôpital de Mont-Joli, par exemple, convertit sa chaudière au mazout à la biomasse et économisera ainsi 900 000 litres de mazout lourd par année.

Solaire et géothermique

Des panneaux solaires peuvent combler jusqu'à 60% des besoins de chauffage d'une maison. La géothermie est un autre moyen sous-utilisé au Québec pour réduire la consommation de pétrole à des fins de chauffage.

Ces solutions ne sont peut-être ni les meilleures, ni les plus efficaces, estime le directeur général du RNCREQ, mais elles sont les plus réalistes dans le contexte québécois.

Elles pourraient potentiellement éliminer le pétrole du bilan énergie du Québec sur un horizon de 20 ans, croient les plus optimistes. «C'est dans l'ordre du possible, dit Philippe Bourke. Mais si on réduisait notre consommation de pétrole de seulement la moitié, ce serait déjà ça de gagné.»