Alors que de deux nouvelles centrales, Eastmain-1-A et la Sarcelle, entrent en production, Hydro-Québec revoit à la hausse ses surplus d'électricité, qui sont deux fois plus élevés que ce qui était prévu il y a un an.

Les surplus d'électricité sur le marché québécois sont maintenant estimés à 20 térawattheures (ou milliards de kilowattheures) pour la prochaine décennie. C'est une augmentation de 80% par rapport aux 11 térawattheures prévus il y a tout juste un an, selon les informations transmises par Hydro à la Régie de l'énergie.

La faiblesse persistante de l'économie est responsable de cette nouvelle révision à la baisse de la demande d'électricité sur le marché québécois, explique la société d'État. Malgré une légère hausse de la demande chez ses clients résidentiels, Hydro prévoit une baisse de la consommation chez tous ses autres clients, en particulier les PME et les grandes entreprises.

«La plus forte croissance anticipée dans le secteur des mines ne parvient pas à contrebalancer les moins bonnes perspectives dans les autres secteurs industriels», précise Hydro.

Cette révision à la baisse de la consommation québécoise arrive au moment où Hydro-Québec augmente sa capacité de production avec la mise en service du projet Eastmain-1-A-Sarcelle-Rupert.

Construites au coût de 5 milliards de dollars, ces nouvelles installations de production ajoutent 8,7 térawattheures d'électricité au réseau d'Hydro-Québec, une augmentation de 5%. Quatre autres centrales sont en construction sur la rivière Romaine, sur la Côte-Nord, qui ajouteront un autre 8 térawattheures à la capacité totale de production.

La société d'État écoule 75% de l'énergie qu'elle produit sur le marché québécois, le reste étant disponible pour l'exportation. Comme le marché québécois dispose de surplus importants pour les 10 prochaines années au moins, il y aura encore plus d'électricité à écouler sur les marchés extérieurs.

Actuellement, les prix de l'électricité restent très bas sur les principaux marchés d'exportation d'Hydro-Québec, dans le nord-est des États-Unis, à cause de la concurrence du gaz naturel. Les exportations d'électricité sont moins rentables, parce que les prix obtenus sont souvent inférieurs à ceux en vigueur sur le marché québécois.

Ce n'est donc pas une coïncidence si le secteur de l'aluminium recommence à avoir l'oreille du gouvernement Charest. Deux ententes d'approvisionnement à long terme ont été conclues cette semaine avec deux alumineries pour des projets d'expansion et de modernisation.

Le ministre du Développement économique, Sam Hamad, a invoqué les surplus d'Hydro-Québec pour justifier la vente de quantités importantes d'énergie à des entreprises qui ne créent pas d'emplois et qui n'ajoutent pas de valeur aux lingots de métal qu'elles produisent.

Les prévisions de vente d'électricité pour la période comprise en 2011 et 2020 incluent les ventes d'énergie supplémentaire au secteur de l'aluminium, de même que l'apparition d'un parc de voitures électriques.

Parce que les surplus s'accumulent, Hydro ne prévoit pas avoir besoin de la production de la centrale au gaz de TransCanada Energy à Bécancour avant 2020.

La société d'État a l'intention de négocier avec l'entreprise de Calgary pour une mise en service de la centrale en hiver seulement, à partir de 2015.

En hiver, à cause des besoins en chauffage, le réseau d'Hydro ne suffit généralement pas à la tâche. Ce sera toujours le cas entre 2011 et 2020, estime Hydro-Québec, en dépit de l'augmentation des surplus.

La société d'État prévoit donc continuer d'acheter de l'électricité sur les marchés voisins et de rappeler de l'énergie vendue à ses principaux clients industriels pour satisfaire la demande québécoise en période de grand froid.