Le département d'État américain a demandé, jeudi, à TransCanada, d'examiner la possibilité de réorienter le tracé de son pipeline Keystone XL, une annonce qui repoussera de plus d'un an le controversé projet de 7 milliards $ et qui pourrait aussi signer son arrêt de mort.

>Réagissez sur le blogue de Richard Hétu.

Des responsables américains ont indiqué par voie de communiqué que la compagnie canadienne devait mener une évaluation approfondie des autres tracés possibles que pourrait emprunter l'oléoduc dans le Nebraska.

Le document souligne qu'un tel examen pourrait être complété «dès le premier trimestre de 2013», soit bien après l'élection présidentielle de novembre 2012.

Le pipeline Keystone XL transporterait, en une semaine, l'équivalent de millions de barils de brut des sables bitumineux de l'Alberta jusqu'à six raffineries américaines bordant la côte du golfe du Mexique. Le tracé actuel prévoit transiger par l'aquifère Ogallala du Nebraska, qui fournit de l'eau potable à des millions d'Américains dans la région.

Le cabinet du premier ministre canadien a témoigné sa déception face à cette annonce, soutenant que le projet était garant de la création de milliers d'emplois et de milliards de dollars pour la croissance économique des deux pays.

Un porte-parole de Stephen Harper, Andrew MacDougall, a déclaré que le gouvernement conservateur demeurait optimiste quant à une éventuelle approbation du projet Keystone. Il a ajouté qu'Ottawa continuerait de défendre les sables bitumineux, une «source d'énergie stable, sécuritaire et responsable».

La première ministre de l'Alberta, Alison Redford, a vivement critiqué la demande du département d'État américain visant à  réorienter le tracé du pipeline Keystone XL. Elle a, de plus, indiqué qu'elle comptait se rendre à Washington la semaine prochaine pour obtenir des explications.

En conférence de presse, jeudi, elle a souligné que le délai imposé par Washington entraînerait un bond en arrière pour le secteur albertain de l'énergie, à la recherche d'un nouveau marché américain de raffinage pour son pétrole.

Le président américain s'est rangé du côté de son département d'État, jeudi. Barack Obama a fait valoir dans un communiqué que la décision finale pourrait avoir des effets sur «la santé et la sécurité de la population américaine, de même que sur l'environnement».

Le projet Keystone XL est devenu un enjeu important pour le président Obama, qui risque de se mettre à dos les écologistes s'il approuve l'oléoduc ou de s'attirer les foudres du milieu des affaires et des chômeurs s'il le rejette.