Les prix du pétrole ont nettement progressé jeudi à New York, évoluant à leur plus haut niveau en trois mois, stimulés par une certaine détente sur les marchés face à la crise en zone euro.

Sur le New York Mercantile Exchange, le baril de «light sweet crude» pour livraison en décembre a terminé à 97,78 $, en hausse de 2,04 $ par rapport à la veille. Les cours ont atteint en séance 98,35 $, leur plus haut niveau depuis le 1er août.

À Londres, sur l'IntercontinentalExchange, le baril de Brent de la mer du Nord à échéance identique est monté de 1,40 $ à 113,71 $.

«Inévitablement, les marchés enregistrent un rebond élastique après la chute des Bourses et de l'euro» mercredi, a résumé Matt Smith, de Summit Energy (groupe Schneider Electric).

Les places financières avaient subi un mouvement de panique mercredi face à l'envolée des taux obligataires italiens, qui font craindre aux investisseurs que la troisième économie de la zone euro se trouve à son tour emportée par la crise de la dette.

Mais ces taux se sont repliés jeudi après le succès d'une levée de dette publique par Rome, ainsi que d'apparents progrès dans la transition politique.

Le Parlement italien doit adopter dimanche au plus tard les mesures budgétaires promises, un vote qui devrait être suivi immédiatement de la démission du chef du gouvernement Silvio Berlusconi. Dans la foulée, l'ex-commissaire européen Mario Monti, un économiste respecté de 68 ans, devrait être nommé premier ministre.

Sur le même plan en Grèce, après plusieurs jours de suspense, l'ancien vice-président de la Banque centrale européenne (BCE) Lucas Papademos a été désigné à la tête d'un gouvernement chargé de sauver le pays de la faillite.

«Il semble que la BCE achète de la dette italienne (ce qui fait baisser les taux, ndlr), ce qui satisfait le marché, et on a des indicateurs corrects aux États-Unis et toujours le problème du Proche-Orient», a relevé Bart Melek, de TD Securities.

Aux États-Unis, premier consommateur d'or noir, les inscriptions au chômage sont tombées la semaine dernière à leur plus bas niveau en sept mois.

Le marché pétrolier continue de surveiller par ailleurs avec nervosité l'Iran, après la publication d'un rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) sur une possible dimension militaire du programme nucléaire du pays.

L'Iran est le deuxième producteur au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et contrôle le détroit d'Ormuz, passage maritime stratégique par lequel transite 40% du trafic maritime pétrolier mondial.

Moins préoccupés par l'Europe, le marché a aussi été soutenu par les chiffres hebdomadaires sur les stocks pétroliers des États-Unis, qui étaient passés mercredi au second plan et avaient été qualifiés de «robustes» par Bart Melek.

Ils avaient montré notamment une baisse inattendue des réserves de brut et d'essence, et une chute marquée de celles de produits distillés, qui incluent le fioul de chauffage.

Côté demande, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a pour le troisième mois consécutif révisé à la baisse ses prévisions de demande mondiale de pétrole pour 2011 et 2012 en raison de la crise, mais de manière relativement marginale.

«Le pétrole reste orienté à la hausse à court terme, il n'y a rien pour l'arrêter, surtout si certaines inquiétudes concernant l'Europe disparaissent», a estimé Tom Bentz, de BNP Paribas.