Après Alouette qui vient de mettre en branle un projet d'expansion à Sept-Îles, c'est au tour d'Alcoa (AA) de donner le feu vert à des investissements de 2,1 milliards de dollars dans la modernisation de ses installations au Québec.

Les projets approuvés par la direction de l'entreprise de Pittsburgh étaient connus puisqu'ils avaient fait l'objet d'une annonce en mars 2008. Il s'agit du remplacement des vieilles cuves Soderberg de l'aluminerie de Baie-Comeau et d'une mise à niveau des deux autres usines d'Alcoa à Deschambault et à Bécancour. Or, depuis son annonce en 2008, le projet de modernisation de l'usine de Baie-Comeau a été modifié par Alcoa, qui a notamment choisi une autre technologie que celle qui avait été prévue.

La technologie retenue n'est pas celle mise au point par Rio Tinto Alcan qui espère en vendre aux autres producteurs. «Notre préoccupation n'était pas d'avoir la technologie la plus récente mais celle qui convenait le mieux à Baie-Comeau», a expliqué Pierre Morin, président d'Alcoa Canada Groupe Produits primaires.

Il résultera des investissements annoncés hier une augmentation de production 120 000 tonnes, soit 60 000 de plus à Baie-Comeau, 30 000 de plus à Deschambault et 30 000 de plus à l'Aluminerie de Bécancour, où Alcoa et Rio Tinto Alcan sont partenaires.

Même si ces projets étaient connus, le ministre du Développement économique Sam Hamad s'est réjoui hier qu'Alcoa ait choisi le Québec. «C'est le deuxième plus important investissement d'Alcoa dans le monde», a-t-il souligné. L'autre projet d'Alcoa est un investissement de 10 milliards en Arabie Saoudite.

Au Québec, aucun nouvel emploi ne résultera des investissements de 2,1 milliards de dollars d'Alcoa. Au contraire, il y aura probablement une diminution de l'effectif à la suite de la modernisation de l'usine de Baie-Comeau, a indiqué hier Pierre Morin.

Le nombre d'employés à Baie-Comeau devrait passer de 1630 à 1450, une baisse de 170. Alcao ne mettra personne à pied parce qu'un nombre suffisant d'employés de l'usine atteindra l'âge de la retraite d'ici la fin des travaux, en 2015, a expliqué M. Morin.

Le gouvernement québécois, pour sa part, a confirmé qu'Hydro-Québec fournira pour les 25 prochaines années l'énergie nécessaire à Alcoa pour mener à bien ses projets.

L'entreprise aura besoin de 325 mégawatts, soit 50 mégawatts de moins que ce qui était prévu lors de la première annonce de ces investissements en 2008.Alcoa paiera le tarif applicable aux gros consommateurs, soit 4,5 cents le kilowattheure pour de l'électricité qui coûte le double à produire. Le ministre Hamad reconnaît que la fourniture d'énergie aux alumineries a un impact à la hausse sur les tarifs d'électricité, mais il estime que le Québec y trouve son compte.

«Si on tient compte des retombées économiques, la valeur ajoutée est positive», a-t-il soutenu.

Selon lui, ceux qui, comme le professeur Jean-Thomas Bernard, s'opposent à ce qu'ils considèrent comme des subventions à la grande entreprise oublient qu'Hydro-Québec a des surplus d'électricité à écouler.

Le remplacement des cuves Soderberg permettra à Alcoa de réduire ses émissions polluantes de 40%. Au total, les investissements d'Alcoa lui permettront d'augmenter de 13% sa position sur la courbe des coûts de l'industrie. Rio Tinto Alcan, parce qu'elle produit sa propre énergie au Saguenay, est avantagée sur ce plan.

En échange de l'électricité à bas prix, Alcoa a accepté de verser 50 millions de dollars au cours des 25 prochaines années dans un nouveau fonds gouvernemental pour le développement durable.

Alcoa garde dans ses cartons le projet d'agrandir son aluminerie de Deschambault, qui avait dû être abandonné faute d'énergie disponible.