Le cours de l'or a nettement grimpé cette semaine, conforté par les soubresauts de la zone euro et une baisse surprise des taux d'intérêts de la Banque centrale européenne (BCE), qui ont encouragé les investisseurs à plébisciter le métal jaune, traditionnelle valeur refuge.

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Le regain d'éclat de l'or ne s'est pas démenti cette semaine: poursuivant son élan de la semaine précédente, le cours du métal jaune a accéléré sa hausse au fil des jours, jusqu'à monter jeudi jusqu'à 1768,03 $ l'once, son plus haut niveau depuis le 22 septembre.

«L'annonce lundi d'un référendum en Grèce (sur le plan de sauvetage européen du pays) a semé la confusion sur l'ensemble des marchés financiers, mais l'or a résisté stoïquement, grâce à des flux d'investissements importants», a expliqué Ross Norman, directeur du courtier spécialisé Sharps Pixley.

«Alors que la tragédie grecque n'en finit pas de se dérouler, l'or joue pleinement son rôle de valeur refuge, les investisseurs se sont cherchés un bateau de sauvetage» au détriment des actifs jugés plus risqués, tels les marchés boursiers ou autres matières premières, a-t-il souligné.

«Les craintes sur un défaut de paiement de la Grèce et les risques de contagion aux États périphériques fragiles (comme l'Italie, ndlr) ont permis de catapulter le prix de l'once d'or de plus de 50 $» sur les deux séances de mardi et mercredi, abondait Robin Bhar, analyste du Crédit Agricole CIB.

Alors que s'ouvrait en France un sommet du G20 dominé par la gestion de la européenne et qu'Athènes ouvrait la voie à un abandon de son projet de référendum, le prix de l'or a par ailleurs trouvé un soutien supplémentaire dans une décision surprise de la Banque centrale européenne (BCE).

L'institution a décidé de baisser son taux directeur de 0,25 point de base, à 1,25%, afin d'aider une reprise vacillante dans un environnement économique menacé par des «incertitudes particulièrement hautes et persistantes», selon le nouveau président de la BCE, l'Italien Mario Draghi.

«L'or est perçu comme un réservoir de valeur pour se prémunir contre les politiques monétaires» trop accommodantes, de nature à alimenter l'inflation «et entretenant les craintes sur le pouvoir d'achat des devises fiduciaires», a remarqué M. Bhar.

D'autant que des taux d'intérêts très bas, ou même quasi-nuls comme c'est le cas aux États-Unis, minent la rentabilité de nombreux placements financiers et renforcent par conséquent l'attractivité des actifs physiques tels que l'or.

Cependant, avertit M. Bhar, «une crise de la liquidité pourrait venir compromettre la hausse de l'or, notamment en cas de faillite d'un État de la zone euro, où on verrait les investisseurs vendre massivement actions et matières premières» en quête désespérée de liquidités, une dynamique qui toucherait également l'or - comme on l'a vu en août et septembre.

Le métal jaune restait par ailleurs appuyé par une solide demande physique en Asie, alors que commence la saison traditionnelle des mariages en Inde (premier pays consommateur d'or dans le monde).

Sur le London Bullion Market, l'once d'or a terminé vendredi à 1749 $ contre 1741 $ une semaine auparavant.

ARGENT

L'argent, alternative à l'or moins onéreuse, n'a pas profité de l'engouement dont bénéficiait le métal jaune.

Métal dont les débouchés sont aussi industriels, l'argent s'est nettement replié en début de semaine (perdant plus de 3% sur la seule séance du lundi) à l'unisson des cours des métaux de base, et n'est pas parvenu à se ressaisir.

L'once de métal gris a terminé vendredi à 33,95 $, contre 35,42 $ sept jours auparavant.

PLATINE/PALLADIUM

Les métaux platinoïdes, dont le principal débouché est la construction automobile, ont connu une semaine en dents de scie, reculant eux aussi dans le sillage des métaux de base avant de se reprendre sensiblement en fin de semaine, après la décision de la BCE pour soutenir l'économie européenne.

Sur le London Platinum and Palladium Market, l'once de platine a terminé vendredi à 1623,50 $, contre 1629 $ une semaine auparavant.

L'once de palladium a fini à 682 $ contre 659 $ sept jours plus tôt.