Contrairement à la production de pétrole, qui a le vent dans les voiles, le secteur du raffinage fait face à un avenir difficile au Canada et son déclin pourrait bien se poursuivre.

C'est ce que conclut le Conference Board du Canada après avoir examiné cette industrie à la demande de ses représentants, l'Institut canadien des produits pétroliers.

La stagnation de la demande de produits pétroliers en Amérique du Nord, la réglementation et la concurrence des méga-raffineries qui se construisent à l'étranger sont les défis auxquels sont confrontées les raffineries canadiennes.

Le nombre de raffineries de pétrole entre a diminué de moitié ente 1970 et 2009, passant de 40 à 20. Avec la fermeture de Shell à Montréal en 2011, il n'en reste plus que 19, qui emploient 17 500 personnes.

L'avenir de ces emplois est incertain, estime le Conference Board, parce que la demande de produits pétroliers raffinés diminuera en Amérique du Nord. La réglementation environnementale, les biocarburants et la concurrence des véhicules électriques contribueront à réduire la rentabilité des raffineries canadiennes. Les installations canadiennes de raffinage ne sont pas jeunes -la dernière raffinerie a été construite en 1985 par Shell en Alberta - et le coût de leur main-d'oeuvre est élevé.

Si le déclin de ce secteur devait se poursuivre, l'économie canadienne y perdrait beaucoup, a calculé Pedro Antunes, directeur des prévisions nationales et provinciales au Conference Board du Canada.

Le chercheur a pris l'hypothèse d'une diminution d'un autre 10% de la capacité de raffinage au Canada, ce qui équivaut à la fermeture d'une raffinerie de 200 000 barils par jour, soit un peu plus grosse que celle que Shell a fermé à Montréal en 2011.

«Ce scénario, bien que radical, n'est pas improbable», estime le Conference Board.

Compte tenu que l'industrie paie des salaires élevés, les pertes pour l'économie canadienne seraient lourdes : le PIB canadien diminuerait de 806 millions par année, il y aurait 7700 pertes d'emplois et les revenus fiscaux seraient réduits de 231 millions annuellement avec la perte d'un autre 10% de la capacité de raffinage.

La perte de Shell

Le calcul du Conference Board permet d'estimer le coût de la fermeture de la raffinerie de Shell à Montréal, qui va au-delà des quelque 500 emplois directs disparus.

Pour le Québec, la fermeture de Shell signifie 5000 emplois de moins et une diminution de 150 millions par année en revenus d'impôt.

La part du Québec dans l'industrie du raffinage au Canada est passée de 22% à 16% avec la fermeture de Shell. La production des deux raffineries restantes, celles de Suncor (Petro-Canada) et Ultramar, est à peu près égale à la consommation totale de la province.