La toute jeune Bourse du diamant du Canada ouvre un bureau de liaison à la Bourse du diamant de Shanghai avec un objectif ambitieux: créer sur le marché chinois une demande si importante pour le diamant canadien qu'elle incitera les grands fabricants mondiaux à installer des tailleries au Canada.

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La Bourse du diamant, établie à Toronto au tournant de l'année 2010, est à la fois un lieu d'échange pour les fabricants, distributeurs et détaillants canadiens, mais aussi un regroupement des acteurs de l'industrie.

Avec le bureau en Chine, «nos membres ont un accès immédiat au marché, sans avoir besoin d'y ouvrir leur propre bureau», souligne le directeur général de la Bourse, Adam Shubinsky, en entretien avec La Presse Affaires.

Le choix d'attaquer le marché chinois ne relève pas du hasard. «La Chine est LE marché en expansion, insiste M. Shubinsky. C'est le deuxième marché pour la consommation de produits du diamant, mais il pourrait dépasser les États-Unis entre 2016 et 2020.»

Ce que la Bourse du diamant du Canada veut faire, c'est se servir de la demande croissante en Chine pour dynamiser l'industrie canadienne de la transformation. Car si le Canada est devenu rapidement le troisième producteur mondial de diamants, seules deux sociétés y taillent la précieuse pierre.

La crise financière de 2008 a forcé la fermeture de trois des quatre établissements de Yellowknife. La seule taillerie québécoise, exploitée à Matane par le fabricant mondial Diarough, a également fait les frais de l'effondrement de la demande mondiale.

La première étape du plan de la Bourse en Chine, c'est d'établir une marque forte pour le diamant canadien.

«Le consommateur chinois moyen a une opinion très favorable du Canada, explique Adam Shubinsky. C'est une belle chance pour bâtir un bon branding. Mais les Chinois ne sont pas conscients de l'importance de l'industrie minière du diamant au Canada. Il faut les informer sur la possibilité d'acheter des diamants minés et taillés au Canada.»

En ouvrant un bureau de liaison à l'intérieur de la structure de la Bourse de Shanghai, l'industrie canadienne profite d'ailleurs d'une fiscalité avantageuse: une taxe à l'importation de 4% au lieu de 17%, à laquelle s'ajoutent des frais de 0,3% à verser à la Bourse d'accueil. «Entre 4 et 17%, c'est la différence entre la rentabilité et l'absence de rentabilité dans une industrie où les marges ont été érodées, particulièrement depuis 2008», souligne Adam Shubinsky.

Si l'industrie canadienne réussit à créer une bonne demande chinoise pour les diamants d'ici, il pourrait devenir de plus en plus intéressant pour les grands manufacturiers de venir ou de revenir s'établir au Canada pour fabriquer des pierres 100% canadiennes. «Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas devenir un gros acteur», dit Adam Shubinsky.

Joindre le club mondial

Mais l'industrie canadienne n'en est pas rendue là et la Bourse du diamant du Canada est encore un petit acteur au niveau mondial. La valeur des transactions de diamants polis et autres pierres précieuses depuis le début de l'année réside quelque part entre 5 et 10 millions. À Shanghai, elle atteint 2 milliards par année. La Bourse met actuellement au point une plateforme en ligne qui pourra encore faciliter les transactions.

La Bourse soumettra dans les prochaines semaines une demande pour se joindre à la Fédération mondiale des Bourses du diamant. «Cela nous donnera accès à un mécanisme de règlement des disputes commerciales, tout en nous apportant une crédibilité internationale, note Adam Shubinsky. Ce n'est pas normal qu'un pays comme le Panama ait une Bourse membre de la Fédération, mais que le Canada, troisième producteur mondial, soit absent.»