Le titre du producteur américain d'aluminium Alcoa (AA) a inquiété les investisseurs après la publication mardi soir un bénéfice net certes presque triplé, mais nettement inférieur aux attentes, et en décrivant un ralentissement marqué de l'activité.

À la clôture, le titre d'Alcoa [[|ticker sym='AA'|]] a reculé de 2,43% (25 cents US) à 10,05 $ US à New York.

Le bénéfice du troisième trimestre a atteint 172 millions de dollars, ce qui rapporté au nombre d'actions et hors éléments exceptionnels revient à 15 cents, alors que les analystes tablaient sur 22 cents.

Le chiffre d'affaires dépasse les attentes à 6,42 milliards de dollars, en hausse de 21% sur un an.

Par rapport au printemps, le bénéfice a très nettement reculé (322 millions de dollars au deuxième trimestre), tandis que les ventes affichent un fléchissement moins marqué (-2,5%). Ce reflux a été mis sur le compte «de prix des métaux plus bas, de facteurs saisonniers et d'une faiblesse en Europe».

Sur le Vieux continent, une crise de confiance «à la fois chez les consommateurs et les entreprises» a eu des conséquences concrètes: «de peur d'un ralentissement de l'économie, nos clients européens ont drastiquement réduit les commandes jusqu'en septembre», a souligné le directeur financier Charles McLane.

L'action chutait de 4,76% à 9,91 dollars dans les échanges après la clôture de la Bourse de New York.

«Les prix de l'aluminium ont chuté au troisième trimestre, mais la plupart des marchés ont continué à croître», a pour sa part relevé le PDG Klaus Kleinfeld. «À l'exception de l'Europe, nous avons vu de la croissance dans nos marchés finaux, quoique plus modérée qu'au premier semestre».

«Nous continuons à prévoir un rythme de croissance de 12% pour 2011, avec un ralentissement au deuxième semestre, et réitérons notre prévision d'un doublement de la demande pour l'aluminium d'ici à 2020», a-t-il ajouté.

Il a décrit Alcoa comme «un groupe confiant dans un monde nerveux». «Nous sommes bien préparés pour tout ce qui peut arriver, avec plus de liquidités disponibles, moins de dette et une attention soutenue portée à une croissance rentable».

Si la croissance sur un an a été marquée sur les principaux marchés, par rapport au printemps, l'alumine a enregistré un recul de 5% de ses recettes, et l'aluminium de 1%, avec des déclins enregistrés dans l'automobile (-7%), les produits industriels (-6%), le bâtiment (-5%) et les emballages (-4%), seuls les transports commerciaux (+6%) et l'aérospatiale (+2%) s'affichant en hausse par rapport à la période avril-juin.

«Le group ne décrit pas de récession, c'est important», notait Jon Ogg sur le site d'analyse financière 247WallSt. «Il est aussi important de le voir décrire un marché qui est suffisamment lent pour donner l'impression d'une récession à beaucoup de gens».

Lors d'une téléconférence avec des analystes, M. Kleinfeld a indiqué qu'il était «plus inquiet du manque de confiance (des opérateurs économiques) que du marché: le monde s'inquiète au point de pouvoir provoquer une autre récession, et il ne faut pas laisser faire», a-t-il dit, ne cessant de marteler que «le monde est en expansion».

M. Kleinfeld a également mis en cause le comportement des spéculateurs sur les marchés des métaux: «ils parient contre l'aluminium comme substitut de pari contre l'économie mondiale», a-t-il affirmé.

Pourtant, a-t-il réaffirmé, les tendances de fond sont positives, avec notamment un carnet de commandes de huit ans dans l'aéronautique, et des exigences gouvernementales poussant le marché automobile vers la production de nouveaux véhicules légers.

Enfin «beaucoup des marchés émergents continuent à croître très fortement», avec en particulier une révision à la hausse du marché chinois, où les ventes annuelles sont attendues en hausse de 17% au lieu de 15% précédemment. Largement de quoi compenser le ralentissement attendu au deuxième semestre en Amérique du Nord, en Europe et au Brésil.