Total veut se «secouer» en fusionnant mondialement ses activités de raffinage et de pétrochimie et en séparant son marketing (stations-services) d'ici début 2013, mais sans suppression d'emploi ni cession, a défendu lundi son PDG Christophe de Margerie.

«Quel est le but de tout ça? Total, c'est une belle société, il n'y a aucun doute, mais il était nécessaire de secouer un peu tout ça», a déclaré le patron du géant pétrolier français lors d'un entretien avec des journalistes.

«L'urgence, c'est que le marché va mal. Cela fait un bout de temps que le marché européen n'est pas en croissance, qu'il est même en décroissance», a-t-il souligné.

Le patron de Total a présenté lundi aux représentants du personnel son plan de fusion du raffinage et de la pétrochimie, et de séparation du marketing, qui regroupe essentiellement les 15.000 stations-services du groupe. L'essentiel (74 000) des 93 000 employés de Total travaillent dans ces branches.

Total espère lancer sa réorganisation après la fin des consultations début 2012 et la boucler au 1er janvier 2013, a dit M. de Margerie.

Le dirigeant a répété l'engagement du groupe que ce plan se ferait «sans licenciement ni plan social». Interrogé pour savoir si cela signifiait effectif constant, il a répondu oui.

«C'est vu partout comme un plan social déguisé, mais vous nous embêtez avec ça, on est là au contraire pour croître, Total veut croître, on est en train au contraire de se dynamiser», a lancé M. de Margerie.

L'objectif n'est pas de céder des activités, a-t-il insisté.

«Il n'y a pas de plan aujourd'hui d'IPO (introduction en Bourse, NDLR) ou de cession ou de quoi que ce soit, ni pour le marketing, ni pour le raffinage pétrochimie», a-t-il dit. La réorganisation n'a pas d'impact sur la raffinerie de Lindsey au Royaume-Uni, toujours en vente.

Jusqu'à présent, le raffinage chez Total était regroupé avec le marketing, et la pétrochimie avec la chimie de spécialité, qui rejoindra également le pôle raffinage-chimie.

Concernant les objectifs économiques de l'opération, M. de Margerie s'est contenté de dire que Total avait relevé de 4 à 5 % son objectif de marge du raffinage-pétrochimie. Mais le chiffrage financier de la réorganisation interviendra plus tard.

«Ce n'est pas ça qui compte pour l'instant», a-t-il dit.

Total réalise l'essentiel de ses bénéfices dans l'exploration-production (l'extraction et la vente du pétrole brut), alors que le reste des activités (raffinage, chimie et distribution) représente moins de 20 % des profits totaux, selon les résultats du groupe.