Au moment où le cours boursier des sociétés de terres rares s'effondre, une petite société québécoise a mis au jour près de Lebel-sur-Quévillon le troisième gisement de terres rares en importance à l'extérieur de la Chine.

À partir de 9000 mètres de forages, Ressources Géoméga a calculé des ressources indiquées de 183,9 millions de tonnes à une teneur de 1,45% sur son gisement de Montviel, à une heure de route au nord de Lebel-sur-Quévillon. «C'est un gros gisement, accessible et près des infrastructures, de la main-d'oeuvre et de l'électricité», se réjouit le président, Simon Britt, en entrevue hier avec La Presse Affaires.

Pourtant, entre la publication du communiqué officiel, le 29 septembre, et la fin de la séance boursière mardi, le titre de Géoméga (GMA au TSX Croissance) a perdu presque 40%. Il a repris 8,7% hier, à 1,25$, ce qui laisse tout de même le titre à 65 cents de la clôture du 28 septembre, et à des lunes de son sommet du mois d'avril (4,75$). La capitalisation de la société de Saint-Lambert ne dépasse plus les 30 millions.

Recul généralisé

En fait, les titres des sociétés de terres rares ont payé le prix des mauvaises nouvelles économiques depuis quelques mois. Quest Rare Minerals (QRM), qui développe le projet Strange Lake dans le Nord-du-Québec, a perdu plus de 73% de sa valeur depuis son sommet de la fin du mois d'avril. Matamec (MAT), qui est derrière le projet Kipawa au Témiscamingue, a perdu 63%. L'indice Bloomberg des terres rares, qui regroupe 18 titres, est à l'avenant: recul de 63% depuis la fin d'avril.

«Les marchés sont très difficiles, il y a zéro confiance chez les investisseurs», résume Simon Britt.

L'exploitation minière des terres rares, utilisées dans la fabrication d'une foule d'appareils technologiques, est presque entièrement monopolisée par la Chine. Or, la Chine freine les exportations, ce qui a provoqué une hausse vertigineuse des prix depuis deux ans.

Mais certains facteurs, en plus du ralentissement économique, pourraient pousser les prix à la baisse, du moins pour les terres rares dites légères. D'abord, les grands utilisateurs comme Toyota ou General Electric commencent à développer des alternatives peut-être un peu moins efficaces, mais moins chères. Aussi, deux gisements importants sont entrés en production ou sur le point de l'être aux États-Unis et en Australie, ce qui causera à terme une certaine détente des prix.

Prix en baisse

Déjà, le prix moyen de huit terres rares a reculé de 13% entre le sommet de juillet et la fin de septembre. Un analyste cité par Bloomberg prévoit une baisse de 50% des prix du cérium et du lanthane dans la prochaine année, tandis que celui du néodyme pourrait reculer de 15%.

C'est précisément le néodyme qui est le «joyau» du gisement Montviel de Géoméga, selon le mot de Simon Britt. M. Britt croit que les prix sont irréalistes et il s'attend à ce qu'ils diminuent un peu, à la satisfaction des utilisateurs. «Mais personne ne va inonder le marché avec du néodyme, avance-t-il. Même avec les nouveaux projets, on prévoit toujours un déficit de l'offre en 2015.»

Si le projet de Géoméga est concentré sur les terres rares légères comme le néodyme, ceux de Quest Rare Minerals et Matamec se basent sur des terres rares lourdes, encore plus recherchées et dont on prévoit une pénurie jusqu'en 2020.

«On discute avec des groupes japonais et leurs pronostics pour les terres rares lourdes sont toujours bons, explique le président de Matamec, André Gauthier. Ils étudient des façons de réduire leur utilisation et de recycler, mais malgré cela, ils en auront besoin.»

Le titre de Matamec a gagné 6,8% hier au TSX Croissance, à 24 cents. Celui de Quest Rare Minerals a repris 12%, à 2,24$.