Ayant dû mettre un frein à l'exploration du gaz de schiste en raison du quasi-moratoire de Québec, Junex (T.JNX) intensifiera ses activités dans le secteur du pétrole à l'île d'Anticosti et en Gaspésie.

«On va mettre l'accent sur le pétrole pour au moins les deux ou trois prochaines années», a déclaré mercredi le président et chef de la direction de Junex, Jean-Yves Lavoie, au cours d'un entretien téléphonique.

L'entreprise de Québec a annoncé mercredi que de récents résultats de laboratoire «tendent à démontrer» que les terres associées aux permis qu'elle détient à l'île d'Anticosti pourraient avoir «le potentiel de devenir une formation productrice riche en pétrole et en hydrocarbures légers».

Junex est par conséquent passée à l'étape suivante de son programme d'exploration en effectuant un levé géophysique sur ses propriétés.

Les investisseurs ont bien réagi: l'action de l'entreprise a bondi de 12 pour cent mercredi pour clôturer à 84 cents, à la Bourse de croissance TSX.

«On a encore du travail à faire, on est vraiment au stade préliminaire d'exploration, mais le potentiel est là, donc ça vaut la peine d'aller voir», a précisé M. Lavoie.

Les analyses ont été menées sur des échantillons de déblais recueillis lors d'un forage récent au puits Arco no 1, qui date du début des années 1970. Elles indiquent que la formation géologique Macasty de l'île d'Anticosti pourrait être facilement fracturée, qu'elle est riche en matière organique et qu'elle contient des hydrocarbures liquides.

Investissements importants

Encouragée par ces bons résultats, Junex entend investir pas moins de 5 à 10 millions $ d'ici la fin de 2012 dans ses activités d'exploration pétrolière, a indiqué Jean-Yves Lavoie. L'entreprise peut se le permettre: ses liquidités s'élèvent actuellement à environ 17 millions $.

En comparaison, de 2001 à 2011, Junex a injecté entre 25 et 30 millions $ dans l'exploration du gaz de schiste, ce qui a conduit à un intérêt sans précédent pour les hydrocarbures au Québec jusqu'à ce que le gouvernement impose un quasi-moratoire à l'industrie, en mars.

En se fondant sur des estimations rendues publiques en juin par Pétrolia, Junex estime que les propriétés pour lesquelles elle détient des permis pourraient contenir jusqu'à 30 milliards de barils de pétrole. L'entreprise vient de commander des estimations plus précises afin d'en savoir plus.

M. Lavoie estime que le passage à la phase d'exploitation, s'il se concrétise, pourrait prendre cinq ans.

Les dépenses d'exploration sont plus élevées dans une région reculée comme l'île d'Anticosti, mais pas nécessairement les coûts d'exploitation si les volumes produits sont importants, a précisé le dirigeant.

En mars, Québec a décrété que toute fracturation hydraulique, que ce soit pour extraire du gaz naturel ou du pétrole, devrait désormais se faire dans le cadre de l'évaluation environnementale stratégique lancée dans la foulée du rapport du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE), ce qui exclut toute production commerciale à moyen terme.

Par contre, Junex et Pétrolia pensent pouvoir produire du pétrole en Gaspésie et à l'île d'Anticosti de manière conventionnelle, sans fracturation hydraulique.

Junex possède des permis touchant 5 millions d'acres de terrain: 3 millions pour le gaz de schiste et 2 millions pour le pétrole.