Les prix du pétrole chutaient lundi en fin d'échanges européens, pénalisés par un renchérissement du dollar et une dégringolade des Bourses européennes, sur fond d'inquiétudes face à la crise des dettes en zone euro et un possible retour en récession des États-Unis.

Vers 12H00, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre s'échangeait à 110,70 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 1,63 dollar par rapport à la clôture de vendredi.

Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange, le baril de «light sweet crude» (WTI) pour la même échéance reculait de 2,25 dollars, à 84,20 dollars.

Avec la fermeture de la place new-yorkaise lundi, en raison d'un jour férié aux États-Unis, «le marché du pétrole est marqué par un volume d'échanges très modéré, et se cherche une direction dans les fluctuations du dollar», expliquait Myrto Sokou, analyste du courtier Sucden.

Face à un euro miné par la crise des dettes souveraines européennes, le fort renchérissement du dollar (monté à son plus haut niveau en un mois) rendait moins attractifs les achats de brut libellés dans la monnaie américaine, et contribuait à peser sur les cours du baril.

Le plongeon des places boursières, sabordées par les titres du secteur financier, accroissait par ailleurs la pression sur les prix de l'énergie.

«D'autant que le marché du pétrole avait déjà commencé la semaine en bien piètre posture, tiré vers le bas par un mauvais indicateur en Chine», ajoutait Mme Sokou.

Alors que le géant asiatique montre ces dernières semaines des signes d'essoufflement, un recul de l'indice des directeurs d'achats PMI dans les services en Chine, à son plus bas niveau historique, venait alimenter lundi les inquiétudes sur la robustesse du deuxième pays consommateur mondial de brut.

L'attention des opérateurs s'est ensuite tournée vers l'Europe, où «la situation économique ne cesse de se dégrader», et où la crise des dettes souveraines ne cesse de s'aggraver, relevait Myrto Sokou.

La situation de la Grèce, qui a désormais dix jours pour faire avancer ses réformes structurelles - condition sine qua non d'une nouvelle aide internationale, alimentait ainsi les inquiétudes des opérateurs sur la solidité du système financier européen.

«Et l'appel de la directrice du Fonds monétaire international (FMI) Christine Lagarde à recapitaliser les banques européennes n'a rien arrangé», notait Bjarne Schieldrop, de la banque SEB.

«D'autant que tous les investisseurs restaient sous le coup des chiffres très décevants sur l'emploi américain, publiés vendredi», ajoutait-il.

L'économie américaine n'a créé aucun emploi en août et le taux de chômage s'est maintenu au niveau élevé de 9,1%, des indices de nature à raviver le spectre d'un retour en récession des États-Unis, premier consommateur de pétrole brut de la planète.

Enfin, la menace de la tempête tropicale Lee dans le golfe du Mexique, qui avait permis la semaine dernière aux prix du baril de limiter leurs pertes, s'est dissipée ce week-end, la dépression perdant de son intensité après avoir touché la Louisiane dimanche.

«Au moins 60% de la production américaine dans le Golfe du Mexique avait été interrompue de manière préventive, mais les dommages semblent avoir été limités, ce qui devrait permettre une remise en marche très rapide des installations pétrolières» de la région, estimait M. Schieldrop.