Le groupe industriel américain General Electric (GE) prévoit de relancer à grande échelle aux États-Unis un procédé d'enrichissement de l'uranium au laser, ce qui suscite des craintes relatives à la prolifération nucléaire, rapporte dimanche le New York Times.

Le journal publie une longue enquête selon laquelle «General Electric teste avec succès depuis deux ans un procédé d'enrichissement de l'uranium au laser» dans une installation située près de Wilmington, en Caroline du Nord.

Cité par le quotidien, Christopher Monetta, le président de Global Laser Enrichment, la filiale de GE et du groupe japonais Hitachi qui exploite cette installation, a indiqué: «Nous sommes actuellement en train de parfaire les plans» d'un projet d'extension.

Selon l'article, le groupe «a demandé aux autorités fédérales l'autorisation de construire une usine d'un coût d'un milliard de dollars afin de produire du combustible nucléaire en grande quantité» et s'est vu promettre une réponse «d'ici à l'année prochaine».

Le journal écrit que, selon M. Monetta, «l'usine prévue enrichirait chaque année suffisamment d'uranium pour alimenter jusqu'à 60 grands réacteurs».

Selon le New York Times, le projet de GE et Hitachi suscite les craintes d'associations soucieuses de la non-prolifération.

Elles redoutent que le procédé puisse tomber entre les mains d'États comme l'Iran ou de groupes terroristes et puisse être utilisé facilement à petite échelle pour fabriquer une bombe nucléaire, ou simplement «la révélation au public qu'un demi-siècle d'échec de l'enrichissement au laser semble en train de s'achever».

L'enrichissement de l'uranium a pour but d'augmenter la teneur du minerai brut en isotope 235. Lorsqu'il est enrichi à environ 4% en uranium 235, le matériau radioactif peut être utilisé comme combustible dans une centrale nucléaire. À 90%, il peut servir à fabriquer une bombe atomique.

La technique de l'enrichissement de l'uranium au laser est connue depuis les années 1960, mais la recherche sur le sujet a été plus ou moins abandonnée, car la méthode apparaissait difficile à rentabiliser, jusqu'à ce que des chercheurs australiens mettent au point un procédé satisfaisant au milieu des années 1990, écrit le journal.

Selon l'article, GE a racheté en 2006 leur brevet baptisé Silex, acronyme anglais pour «séparation des isotopes par excitation au laser».

L'Iran, dont les activités d'enrichissement de l'uranium inquiètent les Occidentaux, utilise pour cela des centrifugeuses, ce qui demande de grosses installations industrielles, difficiles à camoufler.

En ordonnant en février 2010 la production d'uranium enrichi à 20%, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad avait affirmé que son pays était désormais capable d'enrichir de l'uranium en utilisant le laser.