L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a annoncé jeudi qu'elle «n'envisageait pas pour l'instant de puiser de nouveau dans ses stocks stratégiques», mais se tenait prête à le faire si les conditions de marché le justifiaient.

Les membres de l'AIE, qui regroupe les pays industrialisés, avaient annoncé le 23 juin que l'agence allait puiser 60 millions de barils de pétrole dans leurs stocks stratégiques pour compenser l'arrêt des exportations libyennes et la hausse prévue de la demande de brut au troisième trimestre.

«L'appétit du marché pour ces stocks a été plus grand qu'en 2005», lorsque les membres de l'organisation avaient déjà mis à contribution leurs stocks stratégiques après l'ouragan Katrina qui avait frappé les États-Unis, a assuré l'AIE, pour qui sa récente décision a jusqu'ici porté ses fruits.

Cette action a «été utile au marché en lui apportant des liquidités dans l'attente d'une hausse de la production des pays de l'OPEP», a estimé l'AIE dans un communiqué.

L'AIE «continue de scruter les conditions de marché de très près et se tient prête à puiser davantage dans ses stocks si ces conditions le justifient», a-t-elle poursuivi.

«Néanmoins, nous n'envisageons pas pour l'instant de puiser de nouveau davantage dans les réserves, étant donné» que les stocks stratégiques «continuent d'approvisionner le marché», a indiqué l'AIE.

Par ailleurs, l'Agence souligne avoir relevé «une nette augmentation de la production des pays de l'OPEP», producteurs d'or noir.

Selon l'AIE, cette production a été supérieure de 840 000 barils par jour en juin par rapport à mai et pourrait augmenter encore de 150 000 ou 200 000 barils par jour en juillet.

Cette augmentation, combinée à la décision fin juin de l'AIE de puiser dans ses réserves, devrait «largement couvrir» l'écart de 1,3 million de barils par jour entre l'offre et la demande anticipée au troisième trimestre, a jugé l'AIE.

«Il n'y a aujourd'hui pas de signes indiquant que les pays producteurs vont réduire l'offre à court ou moyen terme», s'est réjoui David Fyfe, à la tête de la division marchés de l'AIE, au cours d'une conférence téléphonique.

Il a aussi souligné que l'Agence avait pris sa décision dans le souci d'«apporter de la liquidité, de la flexibilité aux raffineurs». Le niveau des prix n'était «pas le principal moteur» de la décision, a-t-il dit.

Grâce à la décision du 23 juin, la baisse du prix du «light sweet crude» a profité aux raffineurs, au moment où la demande de pétrole devait atteindre un pic avant les départs en vacances, s'est toutefois félicitée l'AIE dans son communiqué.

Pour l'Agence, le risque d'une pénurie d'essence un peu plus tard dans l'année est ainsi écarté.

Néanmoins, «un certain nombre d'incertitudes subsistent», a averti l'AIE, citant notamment la durée de l'arrêt de production en Libye, l'évolution future de la production des pays de l'OPEP et l'impact définitif de la décision de l'Agence de puiser dans ses stocks. «Le pétrole commence seulement maintenant à réellement approvisionner le marché», a souligné l'Agence.

Au vu de ces incertitudes, l'AIE encourage ses 28 pays membres à attendre la fin de l'année, «voire au-delà» pour reconstituer l'approvisionnement de leurs stocks.