Toujours à l'affût des occasions à saisir dans le secteur de l'énergie, la Chine augmente sa présence dans les sables bitumineux de l'Alberta en achetant Opti Canada (T.OPC) pour 2,1 milliards US.

Le Canada, qui accapare déjà 1,2% de tous les investissements étrangers de la Chine, pourrait d'ailleurs accueillir cette année un niveau record d'investissements chinois dans le secteur des ressources. L'entreprise canadienne Opti, qui était sous la protection de la loi sur la faillite depuis la semaine dernière, s'est avérée une bonne affaire pour la société d'État chinoise China National Offshore Oil Corp (CNOOC).

Opti Canada a des intérêts dans quatre projets pétroliers, dont un, celui de Long Lake, est déjà en exploitation en partenariat avec une firme de Calgary, Nexen.

En plus de lui donner accès à des réserves estimées à 195 millions de barils de pétrole, CNOOC accède à la technologie d'extraction par la vapeur mise au point par Opti.

La technologie

C'est d'ailleurs la technologie qui attire les Chinois, qui songent à lancer une industrie des sables bitumineux chez eux. «C'est un geste stratégique, a dit à Bloomberg l'analyste Simon Powell, de la CLSA à Hong-Kong. CNOOC veut avoir des intérêts dans les sables bitumineux. Ils veulent la technologie et l'expertise et cette acquisition le leur donnera.»

C'est la deuxième acquisition de CNOOC dans les sables bitumineux albertains. En 2005, l'entreprise avait payé 158 millions US pour MEG Energy Corp, de Calgary.

Il s'agit d'investissements modestes comparativement à ceux d'autres entreprises chinoises au Canada. Sinopec a dépensé 4,65 milliards US pour une participation dans Syncrude et China Investment Corp., fonds souverain, a investi 1,25 milliard US.

PetroChina a aussi une participation de 60% dans deux projets d'exploitation de sables bitumineux exploités par Athabasca Oil Sands qui lui a coûté 2 milliards US.

Les investissements chinois dans le pétrole et le gaz albertain sont à la hausse et pourraient atteindre un autre record en 2011, selon une étude récente d'Ernst&Young. L'an dernier, les investissements en provenance de l'Asie - surtout de la Chine - ont atteint 10,9 milliards CAN, près du double de l'année précédente.

L'année 2011 a aussi commencé en lion avec un investissement de 5,4 milliards US de PetroChina pour l'achat de la moitié des intérêts gaziers d'Encana en Colombie-Britannique, mais la transaction a avorté à cause d'une mésentente entre les partenaires sur le partage des activités.

La rumeur veut que la Chine s'intéresse actuellement aux intérêts gaziers de Shell dans les Territoires du Nord-Ouest et à son projet de pipeline du delta du McKenzie qu'elle vient de mettre aux enchères.

Au cours d'une téléconférence hier, le chef des finances de CNOOC a indiqué que son entreprise continuait de s'intéresser de près au Canada. «L'Amérique du Nord, et particulièrement le Canada, est devenu une région importante pour les investissements de l'entreprise», a-t-il dit.

Le Canada est une terre accueillante pour les investissements chinois, particulièrement bienvenus dans l'industrie des sables bitumineux, qui a besoin d'énormes capitaux.

L'achat d'Opti Canada doit être approuvé par les autorités réglementaires, mais aussi par le tribunal qui supervise la restructuration financière de l'entreprise. Aucune des transactions précédentes dans le secteur du pétrole et du gaz n'a été bloquée par les autorités canadiennes.

1,6% des investissements étrangers de la Chine ont été réalisés au Canada l'an dernier

4,6 milliards US ont été investis par Sinopec pour une participation dans Syncrude, le plus important investissement de la Chine dans les sables bitumineux albertains

10,9 milliards CAN ont été investis par des groupes asiatiques dans le pétrole et le gaz canadien en 2010