La Colombie, désormais riche d'une production pétrolière quotidienne de 900.000 barils par jour et de réserves à fort potentiel encore inexploitées, veut accélérer sa production et espère s'imposer comme un acteur incontournable du secteur ces prochaines années.

«Actuellement, nous sommes cinq ou six pays dans le monde à présenter une production pétrolière en hausse (...) alors que les autres stagnent ou sont en déclin», explique John Francis Scott, directeur de la compagnie canadienne Petrominerales, un des dix opérateurs installés depuis quelques années en Colombie.

La Colombie a enregistré ces dernières années une forte augmentation de sa production, passant de 588 000 b/j en 2008 à 930 500 en juin dernier (+58%), d'après des chiffres officiels.

Le pays s'impose désormais comme le troisième producteur d'Amérique du Sud, après le Venezuela et le Brésil, et devant l'Équateur.

Ronald Pantin, ex-directeur de la compagnie d'État vénézuélienne PDVSA et actuel dirigeant du Canadien Pacific Rubiales, affirme en outre que «la Colombie bénéficie de ce qu'il y a de plus important dans ce secteur: un potentiel de prospection» grâce à sa géologie similaire à celle de son voisin vénézuélien, qui abrite les plus importantes réserves mondiales de brut.

«Géologiquement, la Faille de l'Orénoque est une zone qui commence au Venezuela et s'étend jusqu'à la Colombie (et l'Équateur)», détaille-t-il au sujet de ce réservoir de quelque 220 milliards de barils de brut extra-lourd, donc plus difficile à exploiter.

Pour M. Pantin, la Colombie réunit toutes les conditions pour devenir un «hub» pétrolier. «Il y a beaucoup de pétrole, des règles claires, un gouvernement favorable à l'investissement étranger et une bonne main d'oeuvre».

En outre, le pays a accueilli «un groupe de travailleurs pétroliers vénézuéliens très expérimentés» qui ont quitté PDVSA pour rejoindre la compagnie publique colombienne Ecopetrol ou d'autres opérateurs privés en Colombie.

«Lors que nous sommes arrivés du Venezuela avec l'expérience de la Faille de l'Orénoque, nous avons exploré la faille ici et nous nous sommes immédiatement dirigés vers le champ de Rubiales» dans la province du Meta (plaines orientales colombiennes), explique M. Pantin.

La Colombie a tardé à voir sa production augmenter parce qu'auparavant «ce pays n'a pas beaucoup exploré, du fait de mauvaises conditions de sécurité (en raison d'un conflit historique entre des guérillas et l'État colombien, NDLR). Par exemple, le champ de Rubiales où nous opérons aujourd'hui a été totalement brûlé par la guérilla en 1999», poursuit-il.

«Les importantes découvertes se sont récemment produites dans des zones vierges de toute exploration», ajoute-t-il.

Avec ces nouvelles perspectives, le gouvernement colombien s'est fixé pour objectif d'atteindre une production de quelque 1 150 000 b/j en 2014. Depuis l'année dernière, il a adopté un régime fiscal adapté pour favoriser les activités pétrolières et gazières.

«En 2010, un important système d'offres de concessions à potentiel pétrolier a été mis en place. A cette occasion, un régime fiscal offrant entre 8 et 15% de réduction (d'impôts), selon la taille du gisement, a été appliqué», explique à l'AFP l'expert pétrolier Amilcar Acosta.

L'État a également fixé un prix de référence de 35 dollars le baril, dont l'excédent doit être réparti entre l'Agence nationale des Hydrocarbures (publique) et la compagnie exploitante.