Le cours de l'or a battu mercredi son record, pour la première fois au dessu de 1580 $ l'once, profitant de son statut de valeur refuge alors que s'exacerbent les inquiétudes persistantes sur une possible contagion de la crise de la dette au sein de la zone euro.

Le prix de l'once d'or s'est hissé jusqu'à près de 1587 $ sur le marché au comptant vers 11h, un nouveau sommet historique. Ce qui correspond à environ 51 000 $ pour un lingot d'un kilogramme.

«L'or grimpe, parce que les investisseurs s'inquiétent de la situation des dettes souveraines européennes. Les préoccupations concernant la Grèce, l'Irlande, le Portugal et maintenant l'Italie ne font que s'intensifier», a expliqué à l'AFP Ian O'Sullivan, analyste de la société financière britannique Spread Co.

«Les acteurs de marché sont en mode panique», a-t-il ajouté, notant que «le prix de l'or a grimpé durant huit jours consécutifs et a engrangé quasiment 100 $ depuis le 1er juillet».

La Grèce nourrit la fébrilité des marchés, alors que les dirigeants européens ne parviennent pas à s'entendre sur la participation des créanciers privés à un nouveau plan d'aide internationale, au risque de provoquer un défaut de paiement partiel du pays et d'ébranler le système bancaire européen.

La peur d'une contagion de la crise à l'Italie ou l'Espagne a par ailleurs provoqué une envolée des taux obligataires de ces pays incitant les investisseurs à se réfugier vers les actifs jugés les plus sûrs comme le franc suisse, grimpé à des niveaux record face à l'euro, et bien entendu l'or.

Le métal jaune est considéré comme un bon bouclier contre la volatilité des devises, les soubresauts des obligations d'État et des tensions inflationnistes persistantes.

L'abaissement de la note souveraine de l'Irlande en catégorie «spéculative» par l'agende Moody's mardi est venue encore exacerber la nervosité des opérateurs.

«Les incertitudes croissantes sur les dettes des États européens ont encouragé la montée des prix de l'or, malgré une demande physique traditionnellement faible à ce moment de l'année» au début de la trève estivale, relevait Suki Cooper, analyste de Barclays Capital.

Signe du regain d'engouement des investisseurs spéculatifs, le plus gros fonds d'or coté dans le monde, SPRD Gold Trust, a vu le niveau de ses participations bondir de 20 tonnes lundi, à 1225 tonnes, au plus haut depuis début mai.

Par ailleurs, le cours de l'or était stimulé par des spéculations sur la politique monétaire américaine, ajoutait James Moore, analyste de Fast Markets.

Selon les minutes de la dernière réunion de la banque centrale américaine (Fed) publiées mardi, l'institution reste très partagée sur la politique à mener «à moyen terme», ce qui a été interprété par certains acteurs du marché comme un signe que de nouvelles mesures de relance pour le pays étaient possibles.

Cela contribuerait à l'affaiblissement du dollar, rendant plus attractifs les achats d'or, dont le prix est libellé dans la monnaie américaine.

Enfin, le marché de l'or est toujours soutenu par la consommation des pays asiatiques, elle-même dopée par leur forte croissance économique.

Ainsi, selon des chiffres officiels publiés mercredi, la croissance de l'économie chinoise n'a que légèrement fléchi, à 9,5%, au deuxième trimestre, atténuant les craintes d'un ralentissement économique du pays, deuxième consommateur d'or dans le monde après l'Inde.