Malgré les problèmes sociaux qui ont eu raison d'un projet minier dans le sud du Pérou, la société montréalaise Malaga, qui exploite une mine de tungstène dans une région du Nord, estime toujours que le pays sud-américain est un endroit favorable pour l'exploitation minière.

«Les manifestations me surprennent, mais elles ne sont pas généralisées, soutient Pierre Monet, président de Malaga. Dans notre région, on n'a pas l'impression que la population est prête à manifester.»

Dans le Sud, dans la région de Puno, quelques milliers d'autochtones Aymara ont envahi la rue depuis un mois pour réclamer l'annulation des permis miniers de la région. Les manifestants déplorent à la fois les risques de pollution et les faibles retombées économiques dont ils bénéficient dans un pays qui a enregistré une croissance économique de 8,8% en 2010, la deuxième en Amérique du Sud. Et qui est le deuxième producteur mondial d'argent et de cuivre de la planète. Ce n'est pas la première fois que de telles manifestations surviennent autour de projets miniers.

«Je ne vois pas les manifestations comme l'expression d'un sentiment antiminier, dit Pierre Monet. Je pense que les gens veulent que la richesse engendrée par l'industrie minière soit redistribuée différemment, qu'il y ait plus de retombées dans les régions où il y a des mines.»

Il reste que la crise est suffisamment aiguë pour que le président sortant, Alan Garcia, révoque samedi dernier les permis de la société canadienne Bear Creek, dont le projet Santa Ana devait produire ses premières onces d'argent en 2012. Bear Creek contestera la légalité de cette décision.

«Ce geste du gouvernement crée une incertitude», admet Pierre Monet, en précisant du même souffle n'avoir aucune inquiétude pour Malaga. Pierre Monet affirme que la société a de bonnes relations avec la population avoisinante. Elle a investi dans des projets communautaires et la mine n'emploie que des Péruviens.

Néanmoins, ce n'est pas exactement le meilleur moment pour faire la promotion de l'industrie minière du Pérou. Hier, la société canadienne Lupaka Gold a lancé un premier appel public à l'épargne à la Bourse de Toronto, pour financer un projet aurifère au Pérou. L'émission a commencé à 1,50$. Le titre a basculé à 91 cents à la clôture.

Les investisseurs miniers ont d'autant plus le Pérou à l'oeil qu'un nouveau président de gauche entrera en fonction dans quelques semaines. Élu le 5 juin, Ollanta Humala a affiché par le passé des positions plutôt agressives envers le secteur minier, évoquant l'idée de nouvelles taxes sur les profits et d'une hausse des redevances pour financer des programmes sociaux. Au lendemain de son élection, la Bourse de Lima a perdu 12% en cours de séance, et les titres de plusieurs petites sociétés canadiennes actives au Pérou avaient plongé. Pierre Monet reste néanmoins optimiste.

«On pense que le nouveau président va continuer d'appliquer les politiques économiques qu'il y a eu auparavant au Pérou, étant donné la forte croissance. On pense qu'il attribuera les ressources différemment, vers l'éducation et les programmes sociaux, mais on ne voit pas de signe comme quoi il nuirait au domaine minier.»

Il faut dire que le président a modéré certaines de ses positions au cours de la campagne électorale, abandonnant l'idée d'une importante hausse des taxes sur les profits.

Pour l'instant, donc, Malaga continue son petit bonhomme de chemin. La société a dégagé les premiers profits de son histoire au premier trimestre (800 000$). Elle utilisera cette somme pour lancer un premier programme d'exploration dans des zones de sa propriété où elle estime que les teneurs sont plus élevées. Les forages commencent en juillet.

Le titre de Malaga se négociait à 24 cents hier à la Bourse de Toronto, en baisse de 1 cent.