Les investisseurs ont assené un autre coup de hache au titre de Sino-Forest (T.TRE), qui a fait l'objet d'un reportage dévastateur dans le numéro du Globe and Mail de samedi dernier.

L'action de la société forestière a ouvert en chute libre, hier matin. En début d'après-midi, le titre avait perdu 20% par rapport à son cours de fermeture de vendredi dernier, avant de reprendre un peu de tonus pour clôturer la journée à 2,73$, en baisse de 14%, ou 46 cents.

Le quotidien torontois a affirmé qu'il y avait des «incohérences» dans la valeur des forêts que possède la société dans la province chinoise du Yunnan. Notamment, une plantation où Sino-Forest a acquis des droits de coupe en 2007 serait plus petite que les 200 000 hectares déclarés par la société.

Sino-Forest a démenti ces informations. Dans une déclaration écrite, la société a expliqué que le journal avait brossé un «portrait incorrect» de ses activités en Chine.

C'est la société de recherche Muddy Waters qui a mis le feu aux poudres, le 2 juin dernier, en accusant Sino-Forest de fraude. Selon cette firme de Hong-Kong, Sino-Forest aurait considérablement gonflé ses actifs et ses revenus.

Depuis ce jour, le titre de Sino-Forest s'est affaissé de 85%. Près de 4 milliards de dollars de valeur boursière se sont envolés en fumée.

L'entreprise fait maintenant face à une pluie de recours collectifs intentés par des actionnaires mécontents.

Hier, les cabinets Koskie Minsky et Siskinds ont déposé une demande de recours collectif à la Cour supérieure de l'Ontario. Le recours a été déposé pour le compte du Labourers' Pension Fund of Central and Eastern Canada, un régime de retraite dans l'industrie de la construction.

Il y a deux semaines, le cabinet de Québec Siskinds Desmeules avait déposé une requête de recours collectif à la Cour supérieure du Québec. Le recours inclut tous les actionnaires qui détenaient des actions de Sino-Forest entre le 12 août 2008 et le 2 juin 2011.

De son côté, le cabinet Rochon Genova a lancé un recours collectif contre Sino-Forest, certains de ses dirigeants, ses vérificateurs comptables et les courtiers qui l'ont aidée à vendre des actions au public.

Ce recours englobe tous les investisseurs qui ont acheté des actions de Sino-Forest à partir du 17 mai 2004, à la Bourse de Toronto, ainsi que les investisseurs qui ont acquis des actions directement de l'entreprise lors d'une émission publique en 2009.

Le cabinet comptable Ernst & Young et le courtier Dundee Capital Market qui a participé à l'émission figurent parmi les cibles. Dundee a fait savoir qu'elle entend se défendre vigoureusement contre ses poursuites «sans fondement». Mais Richard Kelertas, analyste de Dundee qui avait recommandé le titre, a cessé de couvrir Sino-Forest, hier.

La Commission des valeurs mobilières de l'Ontario a aussi entrepris une enquête sur les allégations au sujet de Sino-Forest. D'ailleurs, Sino-Forest réclame que le chien de garde des valeurs mobilières se penche aussi sur les transactions menées par la firme de recherche Muddy Waters et son propriétaire, Carson Block, qui a vendu le titre à découvert pour profiter de sa chute.