Le Danemark a l'intention de revendiquer le pôle Nord en plus des territoires (Groenland et îles Féroé) qu'il possède déjà dans l'Arctique, a annoncé mardi la ministre des Affaires étrangères Lene Espersen, confirmant une information du quotidien danois Information.

«Nous pensons que le Danemark sera en mesure de justifier ses revendications sur une zone qui inclut, entre autres, le fonds sous-marin du pôle Nord», déclare Mme Espersen dans un communiqué en soulignant que «le pôle Nord lui-même n'était pas un objectif en soi».

Dans la matinée, le journal en ligne danois Information avait révélé que Copenhague comptait «revendiquer le plateau continental dans cinq zones autour des îles Féroé et du Groenland, y compris le pôle Nord lui-même», en citant un document diplomatique qui doit être publié en juin et dont il s'est procuré une copie.

Mme Espersen a confirmé que le Danemark, le Groenland et les îles Féroé travaillaient à l'élaboration d'une stratégie pour l'Arctique pour les dix prochaines années, et que ce document serait prêt à la mi-juin.

«Il m'est impossible à l'heure d'aujourd'hui de commenter une stratégie qui est toujours en cours d'élaboration et qui doit aussi être discutée avec les partis parlementaires», ajoute la ministre dans le communiqué.

L'adoption par le Danemark de ce plan intitulé «Stratégie pour l'Arctique 2011-2020» risque de créer des tensions autour de cette région avec la Russie, les États-Unis, le Canada et la Norvège, les autres pays riverains.

La fonte de la banquise et les nouvelles technologies attisent les convoitises dans la région devenue plus facile d'accès et qui regorge de réserves d'hydrocarbures.

Selon l'Institut de géophysique américain (USGS), le cercle polaire pourrait renfermer un cinquième des réserves d'hydrocarbures pas encore découvertes dans le monde, soit 13% du pétrole et 30% du gaz, la plupart situées en mer.

Le sous-sol du pôle Nord lui-même ne semble pas abriter de grandes réserves d'hydrocarbures, mais il a une valeur symbolique: en 2007, la Russie a planté son drapeau au fond de l'océan Arctique à la verticale du pôle Nord à l'aide d'un mini sous-marin. Le Canada également devrait le réclamer, selon Mme Espersen.

Les pays riverains de l'Arctique disposent actuellement d'une zone économique de 200 milles au large de leurs côtes. Leurs revendications sur le reste du territoire doivent être étudiées sous l'égide de la convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM).

La CNUDM demande aux pays ayant de telles revendications de les annoncer dans les dix années suivant leur ratification de la convention de l'ONU. Copenhague l'a ratifiée en 2004.