Les prix du pétrole ont fortement reculé lundi à New York, malgré l'affaiblissement de la monnaie américaine, dans un marché inquiet pour la demande dans un contexte de prix élevés, notamment pour l'essence.

Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» pour livraison en juin a terminé à 97,37 $, en recul de 2,28 $ par rapport à vendredi.

À Londres, sur l'IntercontinentalExchange, le baril de Brent de la mer du Nord à échéance identique, a perdu 1,10 $ à 112,73 $.

Le baril poursuivait son parcours en dents de scie, fléchissant cette fois malgré un net repli du dollar.

«Le marché est toujours un peu sonné par l'appréhension depuis la semaine passée, et il y a aussi une faiblesse fondamentale au sein du marché américain», a expliqué Matt Smith, de Summit Energy.

Alors que le baril avait dépassé les 114 $ fin avril à New York, le marché pétrolier a été ces deux dernières semaines soumis à une extrême volatilité, enchaînant fortes baisses et rebonds.

L'évolution du billet vert a beaucoup joué dans les mouvements brusques des prix du brut ces derniers jours. L'arrestation ce week-end à New York du directeur général du Fonds monétaire international Dominique Strauss-Kahn, alors même qu'il devait participer à une réunion importante sur la dette grecque, avait d'abord soutenu le dollar au détriment de l'euro, tombé à 1,4046 $ avant de se reprendre nettement.

Lundi, le marché du brut a été entraîné par les prix de l'essence, qui ont poursuivi leur correction. Le contrat pour livraison en juin échangé sur le Nymex a lâché plus de 4%, à moins de 3 $ le gallon. En deux semaines, il a perdu 14% de sa valeur.

«Alors que l'on voyait les prix se rapprocher de 4 dollars le gallon en moyenne aux États-Unis (à la pompe, un seuil psychologique, ndlr), on observe des signes de destruction de la demande et cela inquiète vraiment le marché», a souligné Matt Smith.

Le fort ralentissement de l'activité manufacturière dans la région de New York en mai a aussi porté un coup au baril, puisque «cela joue sur la variable demande de l'équation», a souligné Phil Flynn, de PFG Best Research.

Par ailleurs, les inquiétudes des investisseurs autour du sort des raffineries longeant le fleuve Mississipi se dissipaient un peu après des délestages destinés à éviter une nouvelle inondation de la Nouvelle-Orléans.

«Avec l'ouverture des vannes, le risque majeur d'impact sur les grandes raffineries qui longent le fleuve est réduit», ont expliqué les analystes de JPMorgan.

«L'eau déroutée vers le bassin de la rivière Atchafalaya n'a le potentiel d'affecter qu'une petite raffinerie, qui s'est préparée à un assaut des inondations», ont-ils ajouté.

En raison de la crue du fleuve, le transport et la livraison de brut et de produits raffinés le long du Mississipi devraient être restreints pendant deux ou trois semaines, selon JPMorgan, mais l'impact devrait être «limité», selon Matt Smith.