Convoquées à Ottawa pour expliquer la hausse du prix de l'essence, les pétrolières canadiennes ont leurs propres revendications pour le gouvernement Harper. Elles veulent que le processus réglementaire traite davantage des retombées économiques de leurs projets et que le fédéral s'entende avec les provinces pour faire des études environnementales communes.

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«Il doit y avoir une meilleure répartition des intérêts économiques et des intérêts environnementaux dans le processus réglementaire. Dans plusieurs cas, la répartition est inappropriée, il y a moins d'attention portée sur la dimension économique du projet», a dit en entrevue à La Presse Affaires David Collyer, président de l'Association canadienne des producteurs pétroliers (ACPP), dont les 92 membres représentent 90% de la production de pétrole et de gaz naturel au pays.

Au Canada, un projet pétrolier ou gazier doit recevoir l'approbation de différents ministères et organismes fédéraux, dont Environnement Canada, Pêches et Océans Canada, l'Office national de l'énergie et l'Agence canadienne d'évaluation environnementale. «Ils ont clairement un mandat environnemental que nous respectons, mais Industrie Canada et Ressources naturelles Canada devraient davantage être à la table pour s'assurer que les considérations économiques soient aussi entendues», martèle David Collyer.

L'ACPP se défend de vouloir minimiser l'aspect environnemental dans l'examen de ses projets. «Nous voulons un processus réglementaire plus efficace, mais pas moins vigoureux au point de vue environnemental», précise David Collyer, lui-même ancien président de Shell Canada.

Les pétrolières veulent aussi que les autorités réglementaires fassent leur travail à l'intérieur d'un délai déterminé à l'avance. «Nous devons mieux déterminer la durée des processus réglementaires, dit M. Collyer. Évidemment, la durée varie selon la complexité des projets, mais les investisseurs doivent avoir plus de certitude.»

Pour réduire les délais réglementaires, les pétrolières canadiennes proposent au fédéral et aux provinces de collaborer entre eux. Résultat: une seule étude environnementale d'un projet pourrait satisfaire les deux ordres de gouvernement. «Nous comprenons que chaque organisme gouvernemental doive satisfaire ses propres objectifs législatifs, mais des ententes d'équivalences entre les gouvernements éviteraient les doublons, dit David Collyer. Le fédéral et les provinces devraient se réunir et décider qui fera l'étude sur un projet.»

»Contente» de la réélection du gouvernement Harper

Aussi sur la liste des demandes de l'industrie énergétique pour Ottawa: des allègements fiscaux pour les producteurs de gaz naturel. Selon l'ACPP, ceux-ci peuvent déduire chaque année 30% de leurs dépenses d'exploitation, comparativement à 100% aux États-Unis. «Nous voulons avoir un environnement concurrentiel», dit David Collyer.

L'ACPP, qui n'a pas voulu intervenir durant la campagne électorale, est «contente» de l'élection d'un gouvernement conservateur majoritaire. «Les politiques publiques sont plus stables et les investisseurs sont plus confortables, dit David Collyer. Les membres du gouvernement Harper comprennent très bien l'industrie pétrolière. Ils ont indiqué par le passé qu'ils étaient en faveur d'une réglementation plus efficace, mais c'est difficile de prévoir si cet appui se transformera en mesures concrètes. Par exemple, la réforme du régime fiscal pour les producteurs de gaz naturel n'était pas dans le dernier budget Flaherty.»