Inquiété par la fluctuation des prix de l'essence, le ministre canadien de l'Industrie, Tony Clement, somme les entreprises pétrolières de rendre des comptes, estimant qu'elles manquent de transparence.

«Pour la plupart des Canadiens, incluant moi-même, le processus de détermination des prix ne semble pas vraiment transparent. C'est opaque», a souligné le ministre Clement, en conférence de presse à Toronto, confirmant son intention de convoquer devant un comité parlementaire à Ottawa les représentants de l'industrie, pour qu'ils viennent expliquer leurs méthodes de fixation des prix.

Les fluctuations des prix à la pompe sont selon lui difficilement explicables par rapport au coût actuel du baril de pétrole.

«Personne ne peut m'expliquer comment ils arrivent à ces prix. Alors la première chose à faire, c'est d'essayer de comprendre», a-t-il expliqué.

Dès la rentrée parlementaire et la formation des comités, d'ici quelques semaines, les raffineries, distributeurs et détaillants devront donc répondre aux questions des députés de la Chambre des communes. Le ministre Clement en fait une priorité.

«Les Canadiens veulent - et méritent - des réponses, surtout en cette période où les budgets des ménages sont déjà serrés», a-t-il lancé hier, au moment même où le Sénat américain, au sud de la frontière, tient justement le même type de consultation avec les dirigeants des cinq plus grandes entreprises pétrolières.

Mais pour la nouvelle opposition officielle néo-démocrate, à Ottawa, le gouvernement doit aller plus loin pour s'assurer que les consommateurs canadiens ne soient pas «floués à la pompe».

«Une si faible réponse démontre vraiment un manque d'intérêt du gouvernement pour ce que vivent les Canadiens, a dit le député néo-démocrate de St. John's East, Jack Harris. Je ne pense pas qu'on va apprendre grand-chose de cette initiative.»

Le NPD réclame la création d'un poste d'ombudsman aux prix de l'essence et somme le gouvernement de demander au Bureau de la concurrence d'enquêter «immédiatement» sur l'augmentation des prix à la pompe.

Réponse

Le président de l'Association canadienne des producteurs pétroliers, David Collyer, a pour sa part accepté l'invitation du ministre du ministre Clement, mais a dit douter de son utilité.

«Chaque occasion d'informer les gens et d'expliquer le fonctionnement des marchés est utile, pourvu que le contexte soit approprié, a souligné M. Collyer. Il y a eu plusieurs de ce type d'audiences ou d'enquêtes. Elles ont continuellement démontré le même résultat: le prix de l'essence à la pompe est fixé par les forces du marché. Ce sera probable, plutôt presque certain, que le résultat sera le même cette fois-ci.»

Mais le président de l'organisme qui représente 90% des producteurs de pétrole et de gaz naturel au pays rejette catégoriquement les accusations d'opacité.

«Notre industrie est très transparente. Je crois même qu'il y a plus de transparence dans le prix de l'essence à la pompe que dans la plupart des biens et services que les Canadiens achètent, a-t-il dit. Les marchés ont leurs façons de fonctionner. Le prix du baril de pétrole est un facteur important et il a augmenté considérablement au cours des derniers mois.»

- Avec Vincent Brousseau-Pouliot