Les marchés de matières premières ont subi une sévère déroute jeudi, minés par un raffermissement du dollar qui a affecté des actifs qui avaient largement profité de la dépréciation de la monnaie américaine. Le baril de pétrole a chuté d'environ 10 $, pour retomber à 110,80 $ à Londres et à 99,80 $ à New York.

Le baril de «light sweet crude» n'avait pas clôturé sous le seuil de 100 dollars depuis le 16 mars, époque à laquelle les soulèvements dans le monde arabe et l'inquiétude sur la crise nucléaire au Japon avaient fait s'envoler les prix. Il s'est rapproché de 98 dollars dans les échanges électroniques d'après séance.

Selon la société d'information énergétique Platts, il s'agit de la plus importante chute du baril de Brent depuis 1991.

Les métaux précieux n'ont pas été épargnés. L'once d'or est retombée sous 1.500 dollars en cours de séance sur le marché au comptant, jusqu'à 1462,45 dollars, trois jours après un record historique à près de 1580 dollars.

L'once d'argent a perdu plus de 10% de sa valeur, à 34,6287 dollars au plus bas. Il y a un peu plus d'une semaine, elle frôlait les 50 dollars, un niveau historique depuis 1980.

De telles dégringolades observées en une seule journée n'avaient plus été vues depuis la crise financière.

Les prix des matières premières agricoles ont subi des revers un peu moins brutaux, maïs, blé et soja reculant entre 2% et 3%.

Les investisseurs se sont lancés dans une «grande réévaluation», selon Phil Flynn, de PFG Best Research, l'un des éléments déclencheurs étant le net raffermissement du dollar.

La monnaie américaine a profité des commentaires du président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet qui ont suivi la décision de l'institution de maintenir son taux directeur, ou plutôt son absence d'indication que la BCE allait poursuivre dans cette direction dès juin.

«L'une des raisons pour laquelle le dollar avait été attaqué était l'attente que la BCE relève ses taux tandis que la banque centrale américaine maintenait le sien proche de zéro», a rappelé Phil Flynn.

La baisse du dollar avait profité aux matières premières, et principalement à l'or et à l'argent, refuge des investisseurs face à la dépréciation du billet vert et aux craintes d'inflation.