Les forages qui devaient commencer hier dans la région des Laurentides ont été suspendus. Devant l'opposition des citoyens, le petit entrepreneur de la Gaspésie qui devait réaliser les travaux remballera sa machinerie aujourd'hui.

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Forages Dibar avait décroché le contrat de forages de Pacific Arc Resources et d'OnTrack Exploration - deux firmes de Vancouver - pour explorer le sol de Sainte-Adèle, de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson et de Saint-Hippolyte. Vendredi, lorsqu'ils sont arrivés sur les lieux avec leur matériel, Éric Barriault et son équipe étaient attendus par une cinquantaine de citoyens. L'intervention de la police municipale a même été nécessaire pour qu'ils puissent rebrousser chemin.

En 20 ans de carrière dans le domaine du forage, c'était la première fois que M. Barriault faisait face à un groupe d'opposants. «Quand on a sorti l'équipement, les gens nous regardaient comme si on était des bandits», raconte-t-il, visiblement ébranlé.

M. Barriault n'a pas envie de se battre contre les citoyens chaque fois qu'il devra changer sa machinerie d'endroit. Il a pris contact avec OnTrack Exploration pour leur annoncer qu'il renonçait à travailler dans de telles conditions. «On range l'équipement et puis j'envoie mes gars sur l'assurance chômage», affirme-t-il.

L'entrepreneur gaspésien perd un contrat de 300 000$ et ses six employés se retrouvent sans emploi. Il compte demander à Pacific Arc Resources et à OnTrack Exploration une somme d'argent en dédommagement.

Même si les travaux sont arrêtés, le projet de forage n'est pas abandonné pour autant. «Pacific Arc Resources a toujours les permis. Est-ce qu'ils vont vouloir repousser à plus tard, est-ce qu'ils vont abandonner? Tout est sur la glace en ce moment. Mais, comme ils ont des comptes à rendre à leurs actionnaires, ils vont devoir prendre une décision rapidement», soutient Paul Wilson, porte-parole de Pacific Arc Resources. Les deux entreprises doivent se prononcer cette semaine sur la poursuite des travaux.

M. Wilson s'étonne que le ministère des Ressources naturelles ait délivré des permis dans cette région des Laurentides. Tout comme la Coalition Non aux mines dans les Laurentides, il est d'avis que le gouvernement devra moderniser la loi. «C'est carrément dans la cour des gens. Accorder des permis dans ces régions-là, c'est un peu particulier», déclare-t-il.

Les maires ne crient pas victoire

La victoire pour les opposants n'est pas gagnée puisque le ministère des Ressources naturelles a délivré, la semaine dernière, un nouveau permis d'exploration minière à Pacific Arc Ressources. Le permis vise un secteur de la municipalité de Morin-Heights comprenant la station de ski Morin-Heights. «Ça n'a pas de bon sens de voir des compagnies rentrer sur notre territoire et faire ce qu'elles veulent. Je trouve ça inconcevable et épouvantable», dit le maire de Morin Heights, Tim Watchorn.

Avec les maires des trois autres municipalités visées par des projets de forage, il compte faire front commun et s'opposer à l'exploitation minière.

Linda Fortier, mairesse de Sainte-Adèle, refusait aussi de se réjouir trop rapidement. Lorsqu'elle a discuté avec le président de l'entreprise Pacific Arc Ressources, il y a quelques semaines, ce dernier lui a clairement fait savoir qu'il irait au bout de son projet. «Je n'ai pas l'impression qu'ils vont lâcher prise si facilement. On parle de gros sous pour eux.»