Les prix du baril de pétrole ont bondi de plus de trois dollars mercredi à New York, sous l'effet d'une chute des stocks de produits pétroliers aux États-Unis et d'un net affaiblissement de la monnaie américaine.

Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» pour livraison en juin a terminé à 111,45 dollars, en hausse de 3,17 dollars par rapport à la veille.

À Londres, sur l'IntercontinentalExchange, le baril de Brent de la mer du Nord à échéance identique a gagné 2,52 dollars à 123,85 dollars.

Comme mardi, la hausse des cours s'est faite sur fond «d'affaiblissement du dollar et d'inquiétudes sur la situation dans le monde, en Libye et au Nigeria», a expliqué John Kilduff, d'Again Capital.

La devise américaine est tombée à son plus bas niveau depuis janvier 2010 face à l'euro, qui est monté à près de 1,4550 dollar.

Un tel mouvement rend en effet le brut, libellé en dollars, plus attractif pour les acheteurs munis d'autres devises. Il pousse par ailleurs les investisseurs à placer leur argent dans les matières premières pour se protéger d'une perte de valeur de leurs autres actifs.

Mais pour John Kilduff, «les nouveaux gains (des cours du brut) semblent s'expliquer par les chiffres des stocks» aux États-Unis.

Ces statistiques ont révélé une chute de 2,3 millions de barils des réserves de brut, alors que les analystes s'attendaient à une septième semaine d'affilée d'augmentation. Le niveau de ces réserves est très suivi, car l'abondance de l'offre aux États-Unis est souvent citée pour expliquer la différence des prix du pétrole entre New York et Londres.

Les stocks de produits distillés (gazole et fioul de chauffage) ont aussi subi un recul inattendu, tandis que ceux d'essence ont baissé plus que prévu.

«La demande en gazole reste forte malgré la hausse des prix. La demande résiste aux États-Unis, et les stocks d'essence deviennent faibles», a relevé M. Kilduff.

Toujours sur le front de l'offre, les investisseurs sont restés concentrés sur les troubles qui agitent le monde arabe.

Les combats se poursuivent en Libye, plus d'un mois après les premières frappes aériennes occidentales. Des nouvelles manifestations ont eu lieu en Syrie, où un opposant de premier plan a été arrêté, et au Yémen, où un manifestant et un policier ont été tués.

Au Nigeria, premier producteur d'or noir du continent africain, plus de 200 personnes ont été tuées dans les émeutes qui ont suivi l'élection présidentielle.

Autre facteur positif pour les cours, les marchés boursiers étaient orientés à la hausse après la publication de résultats de sociétés meilleurs que prévu aux États-Unis, notamment dans le secteur technologique.

«La demande en produits technologiques dans les pays émergents semble montrer que l'activité ne ralentit pas, mais accélère», a jugé Phil Flynn, de PFG Best.

Le marché pétrolier «se trouve pris dans un mouvement de hausse très puissant. On a des périodes de correction, mais en réalité la tendance générale est à la hausse pour les matières premières, en raison de la demande en Chine, en Inde, dans les pays émergents. Cela n'a pas changé», a estimé Tom Bentz, de BNP Paribas.