Des citoyens qui ont été sollicités par OnTrack Exploration sont furieux contre la société minière. Ils dénoncent le manque d'information, voire la désinformation qui a été utilisée pour les faire venir à bout d'une signature autorisant l'entreprise à forer leur terrain.

> Suivez Émilie Bilodeau sur Twitter

En novembre dernier, un représentant d'OnTrack Exploration se présente chez Alain Parent, résidant de Sainte-Adèle. Il lui décrit le projet d'exploration minière comme une chance inouïe. «Il nous disait que c'était comme si on avait gagné à la loterie», raconte M. Parent.

Le mandataire d'OnTrack Exploration - un homme francophone - n'use pas de menaces, mais il lui souligne que certains résidants se font exproprier de leur terrain, dans des dossiers similaires.

M. Parent hésite à apposer sa signature sur le document. Il demande quelques jours pour y réfléchir. Mais en discutant avec son entourage, il se fait conseiller de signer le contrat pour éviter d'être forcé à déménager.

L'Adélois craint de devoir quitter son terrain de 300 acres qu'il a acheté pour sa retraite. Il signe donc le papier, une décision qu'il regrette aujourd'hui, maintenant que les journaux et les maires de la région s'intéressent au dossier.

«J'ai du chagrin d'avoir signé ça, mais ils sont convaincants quand ils viennent te voir. Ils ont de belles histoires à te raconter», dit M. Parent, d'une voix triste. Les travaux commencent aujourd'hui dans le sol de son voisin. M. Parent ignore quand les foreuses arriveront sur son terrain.

Mathieu Meunier, lui, n'a pas signé le contrat, mais il ne s'étonne pas que d'autres résidants aient cédé aux «pressions» d'OnTrack Exploration. «Ils m'ont fait miroiter que j'étais assis sur une mine d'or et que mon terrain prendrait de la valeur», raconte l'homme de Saint-Hippolyte. Une représentante s'est présentée chez lui une première fois en lui offrant 100$ par forage. Elle est revenue trois jours plus tard avec une offre bonifiée de 500$ par trou=.

Lorsque M. Meunier s'est mis à poser des questions à l'employée d'OnTrack, il s'est bien rendu compte qu'il n'obtenait aucune réponse et il a refusé qu'on fore son terrain.

Vingt forages?

Dans le contrat qu'Alain Parent a signé, OnTrack Exploration déclare qu'elle payera 500$ par trou pour les 10 premiers forages, 400$ par trou pour les 50 suivants et 300$ pour les 100 suivants.

Pourtant, en février dernier, OnTrack Exploration avait affirmé au maire de Sainte-Adèle qu'elle ne ferait que 20 trous au total pour déterminer la composition du sol. Leigh Cassidy, porte-parole de l'entreprise minière, a également confirmé ce nombre à La Presse Affaires, lundi dernier.

«Mme Cassidy nous avait dit qu'il y aurait seulement 20 sondages dans notre coin. Je ne comprends pas pourquoi ils font signer des contrats pour 100 sondages. C'est bizarre», affirme Réjean Charbonneau, maire de Sainte-Adèle.

Mme Cassidy devait également se présenter à une séance d'information avec les citoyens, hier soir, à Sainte-Hippolyte. Mercredi, en fin d'après-midi, elle a toutefois appelé le maire de la ville pour lui annoncer qu'elle annulait le rendez-vous. OnTrack avait déjà décommandé l'hôtel de ville à trois reprises.

Rappelons que Pacific Arc Ressources, firme de Vancouver, a embauché OnTrack Exploration pour forer le sol et déterminer la concentration de fer et de titane dans un secteur touristique des Laurentides. Les maires de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson, de Sainte-Adèle et de Saint-Hippolyte ont appris par les journaux que leur municipalité était convoitée par une entreprise minière. Ils craignent que le forage ne nuise à leur région reconnue pour le tourisme.

La semaine dernière, la ministre responsable des Laurentides, Michelle Courchesne, a déclaré à La Presse Affaires qu'elle trouvait «anormal» que des travaux d'exploration aient lieu dans un secteur de villégiature.

Joint par La Presse Affaires, le président d'OnTrack Exploration a refusé de répondre à nos questions. La porte-parole n'a pas répondu à nos appels.