Le Québec profite déjà du développement du gaz de schiste en Amérique du Nord et pourrait en bénéficier encore plus si l'industrie passait en mode exploitation dans la province, a soutenu mardi la présidente et chef de la direction de Gaz Métro, Sophie Brochu.

Dans un discours prononcé à la tribune de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Mme Brochu a relevé que les écoles, hôpitaux, entreprises et clients résidentiels québécois ont épargné quelque 800 millions $ au cours des deux dernières années grâce à la baisse des cours du gaz naturel suscitée par le développement des schistes aux États-Unis et dans le reste du Canada.

«Aujourd'hui, le Québec bénéficie économiquement, tangiblement, de l'émergence du gaz de schiste en Amérique du Nord», a-t-elle déclaré aux journalistes après son allocution. À l'heure actuelle, pas moins de 35% du gaz naturel consommé en Amérique du Nord est issu des schistes.

Le Québec pourrait aller encore plus loin en autorisant l'exploitation du gaz de schiste sur son territoire, puisque cette activité permettrait au gouvernement de toucher des redevances, a souligné Sophie Brochu.

«Jusqu'où voudra aller le Québec pour en bénéficier davantage? a-t-elle demandé. Si quelqu'un prouve qu'on est capables de développer (les schistes) de la correcte manière, (il s'agit) de faire un pas de plus (...) pour aller toucher des royautés.»

La dirigeante s'est réjouie que dans la foulée de la publication du rapport du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) sur le sujet, le mois dernier, le ton des échanges a baissé, preuve selon elle de la «maturité collective» des Québécois.

«Ce dont je suis assez contente, c'est qu'on est en train de quitter l'univers idéologique pour aller vers un univers un peu plus scientifique, a-t-elle affirmé. Je pense qu'on avait grandement besoin de ça. (...) L'émotivité est très élevée et quand on regarde une filière comme le gaz de schiste, il faut faire ça dans le calme, il faut faire ça à la limite dans le silence et faire travailler les gens qui s'y connaissent sur le fond: les scientifiques.»

Reconnaissant tout de même que certaines façons de faire de l'industrie sont «visiblement perfectibles», Mme Brochu a assuré qu'elle ne tenait pas au développement «à tout prix» des schistes québécois.

«Ça prendra le temps qu'il faut», a-t-elle insisté.

Or à ses yeux, les Québécois sont suffisamment intelligents pour mettre au point la «recette» qui permettrait une exploitation responsable de cette ressource.

Bien sûr, plus il y aura de contraintes environnementales et sociales à respecter, plus les coûts de production seront élevés, a convenu Sophie Brochu. Mais avant d'en arriver là, il faut confirmer qu'il y a suffisamment de gaz au Québec pour permettre une exploitation rentable, a-t-elle rappelé.

Au passage, la pdg a lancé l'idée de mettre en place une «chaire» de recherche sur la «durabilité» du gaz de schiste au Québec. Cependant, quand on lui a demandé si Gaz Métro était prête à contribuer à son financement, elle a répondu: «je n'en suis pas là».

Aussitôt le rapport du BAPE rendu public, Québec a annoncé la réalisation d'une «évaluation environnementale stratégique» au cours de laquelle les nouveaux forages ne seront permis que pour acquérir des connaissances scientifiques.

Projet avec le CN

Gaz Métro a par ailleurs annoncé mardi sa participation, avec le Canadien National [[|ticker sym='T.CNR'|]] et le fabricant de moteurs Westport, à un projet de développement d'une nouvelle technologie de propulsion de locomotives au gaz naturel liquéfié (GNL).

Dans le cadre de ce partenariat, Westport tentera d'accroître la capacité de ses moteurs au gaz naturel, qui sont déjà utilisés dans le secteur du camionnage, afin que ceux-ci puissent propulser des trains.

Les partenaires espèrent que le prototype pourra être en service en 2013. Gaz Métro partagera son savoir-faire en matière de GNL et se chargera de l'approvisionnement en carburant.

Le distributeur doit bientôt ériger des stations de ravitaillement en GNL pour alimenter des camions du Groupe Robert entre Montréal et Toronto.

L'action de Valener, qui détient une participation de 29% dans Gaz Métro, a clôturé à 16,64 $ mardi, un cours inchangé par rapport à celui de la veille, à la Bourse de Toronto.