Le cours de l'or a enregistré mercredi un nouveau record historique, à plus de 1460$ US l'once, à la faveur d'une baisse du dollar, et dans un marché inquiet de la crise des dettes publiques européennes et des tensions inflationnistes.

Vers 10h00 le prix de l'once d'or s'est élevé jusqu'à 1462,30$ US sur le marché au comptant, un niveau jamais vu, surpassant le sommet de 1457,45$ US enregistré mardi.

«L'or étincelle, il profite d'un regain d'inquiétudes sur les dettes souveraines des États périphériques (parmi les plus endettés, NDLR) de la zone euro, et les cours sont soutenus par un dollar plus faible», commentait Andrey Kryuchenkov, analyste de VTB Capital.

Le dollar reculait nettement mercredi face à l'euro, pâtissant de la vigueur de la monnaie européenne, mais aussi des minutes de la dernière réunion de la Réserve fédérale américaine (Fed), publiées mardi, qui ont balayé toute possibilité d'un resserrement anticipé de sa politique monétaire.

La poursuite d'une politique monétaire généreuse aux États-Unis continuerait d'alimenter la dépréciation du billet vert, rendant ainsi plus attractifs les achats de métaux précieux libellés en$ US.

Sur le front européen, les inquiétudes se concentraient sur le Portugal, en proie à une grave crise politique et dont la note a été abaissée mardi par l'agence de notation Moody's, faisant bondir les taux souverains portugais à de nouveaux records.

«Les remarques accommodantes de la Fed et le bond des taux portugais ont contribué à la forte hausse de l'or, alors que le marché n'attendait qu'un coup de pouce pour que la prévision d'un franchissement du seuil des 1450$ US se concrétise», observait M. Kryuchenkov.

En revanche, la hausse des taux chinois intervenue mardi et le probable relèvement jeudi du taux d'intérêt directeur de la Banque centrale européenne (BCE), ne suffisaient pas à enrayer l'irrésistible montée du métal jaune.

L'or, valeur refuge prisée des investisseurs, «trouve du soutien dans les incertitudes géopolitiques persistantes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, les incertitudes sur la crise japonaise et les inquiétudes d'une montée de l'inflation», assurait Suki Cooper, de Barclays Capital.

La flambée des prix du pétrole, qui ont franchi mercredi à Londres les 123$ US le baril pour la première fois depuis août 2008, alimentent les tensions inflationnistes, et favorisent les métaux précieux, considérés habituellement comme une bonne protection contre l'inflation.

Cependant, un resserrement de la politique monétaire de la BCE, pour lutter contre cette flambée des prix, pourrait générer quelques prises de bénéfices sur le marché de l'or et entraîner un processus de consolidation, avertissait Andrey Kryuchenkov.

L'argent, de son côté, a atteint mercredi 39,76$ US l'once vers 10h00, son plus haut niveau depuis février 1981.

Outre son statut de métal précieux, l'argent, qui a vu son prix bondir de quelque 25% depuis le début de l'année, est soutenu par une forte demande industrielle, dopée par la reprise économique, et le succès des ETF, fonds spéculatifs adossés à des stocks d'argent et cotés en Bourse.