Une société d'exploration minière de Vancouver s'apprête à forer le sol des Laurentides en avril. Les maires des trois municipalités concernées sont outrés: ils ont appris par la bande la présence de l'entreprise, et ils ne veulent absolument pas que l'activité minière vienne perturber leur région reconnue pour la villégiature et la nature.

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Pacific Arc Resources cherche du fer et du titane dans une zone qui couvre le nord de la municipalité de Saint-Hippolyte, l'est du territoire de Sainte-Adèle, et le sud de la ville de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson. La société minière a embauché une autre firme britanno-colombienne, OnTrack Exploration, pour réaliser les travaux.

Depuis 2008, les explorateurs ont mené une étude géophysique par hélicoptère et ont recueilli des échantillons de bord de route. Mais pour passer à l'étape des forages, OnTrack devait obtenir l'approbation des propriétaires des terrains visés. C'est là que la nouvelle s'est ébruitée.

Le maire de Saint-Hippolyte, Bruno Laroche, a été mis au courant à la fin février par un conseiller, lui-même informé par une citoyenne. L'hebdomadaire L'Écho du Nord a appris la nouvelle aux deux autres maires au début du mois.

«Je trouve ça malheureux quand des entreprises commencent à effectuer des travaux ou interpeler avec des citoyens d'une ville sans daigner se présenter à l'administration de cette ville, dit à La Presse Affaires la mairesse de Sainte-Marguerite, Linda Fortier. C'est manquer de respect aux gouvernements municipaux.»

»Tout à fait contre ça»

De toute façon, Linda Fortier trouve aberrante l'idée d'une activité minière dans les Laurentides. D'autant plus qu'une mine de fer et titane, même s'il est loin d'en être question pour l'instant, serait sans doute à ciel ouvert.

«Ma ville est un lieu de villégiature, il y a de la montagne, de la forêt et 54 lacs sur mon territoire, note Mme Fortier. Pensez-vous vraiment que c'est approprié pour le développement d'une mine ?»

Le maire de Saint-Hippolyte, Bruno Laroche, parle de la vocation de plein air de la municipalité, de son caractère rural et champêtre, de la nature et de l'absence d'industrie. «Je suis tout à fait contre l'exploration minière ici, lance-t-il. Il n'y a pas un maire dans les alentours qui est pour ça.»

Le maire de Sainte-Adèle, Réjean Charbonneau, confirme la chose. «On voit ça d'un très mauvais oeil. Pour les mines, ce n'est pas le bon coin.»

Mais les municipalités n'y peuvent rien. La Loi sur les mines a préséance sur les lois municipales. Dans le cadre de la réforme de la loi minière, le monde municipal a bien tenté de pousser le gouvernement à donner un peu de contrôle aux administrations locales, mais la réforme est sur la voie de garage.

«Ça me dépasse, dit Bruno Laroche. À mon grand désarroi, il n'y a pas grand-chose qu'on puisse faire. J'espère que les gens qui seront approchés par la société pourront être écoresponsables et refuser l'accès à leur terrain.»

Or, OnTrack Resources a déjà obtenu l'autorisation de quelques propriétaires pour procéder à des forages. Joint à Vancouver, le président de Pacific Arc, Harry Chew, confirme qu'ils débuteront à la mi-avril. Le président d'OnTrack, Fayz Yacoub, n'a pas rappelé La Presse Affaires.

Une région déjà explorée

Ce n'est pas la première fois que la région suscite l'intérêt des explorateurs. Il y a eu beaucoup de forages effectués dans les années 60 et 70, et même jusque dans les années 90, rappelle le géologue Michel Boily, qui a rédigé un rapport technique pour Pacific Arc l'an dernier.

La propriété d'environ 30 kilomètres carrés, dite du lac du Pin Rouge, recèle du fer et du titane. Différents estimés historiques font état de zones minéralisées contenant entre 19,4 et 26,5 % de fer. Les mines de la région de Fermont ont une teneur d'environ 30%. Les teneurs en oxyde de titane varient de 6,8 à 19,4%. La seule mine de titane du Canada, celle de Rio Tinto sur la Côte-Nord, fonctionne sur une teneur de 34,2%.

Le titre de Pacific Arc Resources (PAV) se négociait à 0,40 $ hier sur le TSX Croissance.