La sécurité tant recherchée, c'est au Canada que Tata Steel l'a trouvée. De passage à Montréal, le grand patron de l'aciériste indien, H.M. Nerurkar, a expliqué les raisons qui ont poussé la société à mettre 5 milliards de dollars sur la table pour mettre en valeur des gisements de fer dans la région de Schefferville.

Tata Steel extrait elle-même la totalité du fer nécessaire pour les 10 millions de tonnes d'acier qu'elle produit annuellement en Inde. Mais c'est tout le contraire en Europe, où elle fabrique 17 millions de tonnes d'acier.

«Il est important de sécuriser notre approvisionnement pour l'Europe», a soutenu H.M. Nerurkar au cours d'une conférence de presse commune avec le partenaire canadien de Tata, New Millennium Capital Corp.

«Il y a une forte volatilité dans l'offre et dans le prix, et cela a un impact sur nos affaires, ajoute M. Nerurkar. (Avec les projets au Canada), nous aurons une stabilité.» Le fer représente de 70 à 75% des coûts de l'acier.

En plus, le Canada est près de l'Europe et l'industrie y a l'habitude d'utiliser le fer canadien, ajoute le dirigeant. Tata Steel a mis le pied dans le Vieux Continent en 2006 en achetant le groupe Corus, qui possède des aciéries au Royaume-Uni et aux Pays-Bas.

Le choix de New Millennium

Pour mettre la main sur du fer canadien, Tata Steel a jeté son dévolu sur New Millennium, société dirigée à partir de Montréal.

«On cherchait une société avec un projet qu'on pourrait mettre en marche rapidement, souligne H.M. Nerurkar. On a aussi noté l'expérience de New Millennium et on a constaté que nous avions les mêmes valeurs au chapitre de l'éthique et du respect des communautés.»

Les partenaires lanceront dès 2012 un projet de 300 millions de dollars (projet DSO) qui générera 4 millions de tonnes de fer par année.

Les deux sociétés entreprennent également l'étude de faisabilité du projet Taconite, qui pourrait nécessiter 4,8 milliards d'investissements et produire 22 millions de tonnes de fer par année à partir de 2016.

Tata Steel a terminé ses emplettes au Canada, confirme M. Nerurkar. Parallèlement avec le développement de DSO et Taconite, le groupe veut travailler sur une petite propriété en Afrique du Sud et une autre de plus grande envergure en Côte d'Ivoire. Mais la situation politique dans ce pays pourrait mettre des bâtons dans les roues.

Renaissance de Schefferville?

L'étude de faisabilité de Taconite, qui rassemble des réserves de 5,6 milliards de tonnes de fer, devrait être terminée vers la fin de l'année 2012.

Pour l'instant, New Millennium et Tata prévoient un fonctionnement fly in fly out, où les 1250 «travailleurs volants» ne demeureraient pas en permanence dans la région minière.

Mais, étant donné que la durée de vie de Taconite pourrait atteindre 100 ans et que la fosse du Labrador a un potentiel gigantesque, peut-être le gouvernement voudra-t-il favoriser la renaissance de Schefferville, a évoqué hier le président et chef de la direction de New Millennium, Robert Martin.