Avec un titre en baisse de plus de 40% depuis décembre, la minière québécoise Semafo (T.SMF) sent le besoin d'adopter un régime de droits des actionnaires, ou dragée toxique. Le conseil d'administration détermine les critères pour qu'une offre d'achat hostile soit permise.

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L'action du producteur d'or se négociait à 8,08$ hier à Toronto, en baisse de 5,4 %. Elle avait pourtant dépassé les 14$ au début décembre. «On pense que la valeur de l'entreprise est bien plus grande que cela et on veut protéger les actionnaires», a expliqué à La Presse Affaires le vice-président aux affaires corporatives, Jean-Paul Blais.

Semafo assure qu'elle n'agit pas en réaction à des rumeurs ou à l'anticipation d'une offre à venir. «Je pense que cela fait partie d'une gouvernance raisonnable», précise M. Blais. Le président et chef de la direction, Benoit La Salle, indiquait la semaine dernière à La Presse Affaires que l'intérêt des producteurs majeurs pour Semafo pourrait s'intensifier dans de 12 à 18 mois, quand la société aurait prouvé davantage de ressources dans ses propriétés d'Afrique de l'Ouest.

Le régime de droits est tout à fait standard dans le marché canadien, assure Semafo. Il n'empêche pas le dépôt d'une offre non sollicitée, mais établit des balises. Pour être permise, une offre doit être ouverte au moins 60 jours et doit être faite à l'ensemble des actionnaires. L'acheteur ne doit pas payer une action avant la fin des 60 jours et l'acceptation de l'offre par la majorité des actionnaires indépendants.

Le délai de 60 jours devrait permettre aux actionnaires de bien évaluer l'offre déposée et aux administrateurs de trouver la meilleure offre possible, estime le vice-président aux affaires juridiques et secrétaire de l'entreprise, Eric Paul-Hus.

Le régime s'enclenche dès qu'un actionnaire accumule plus de 20% des actions, à moins que ce soit dans le cadre d'une offre permise. Semafo déposera aujourd'hui les détails du plan aux autorités en valeurs mobilières. Le régime de droits, déjà accepté par la Bourse de Toronto, devra être approuvé par les actionnaires à l'assemblée annuelle du 10 mai.

Le principal actionnaire de Semafo est le gestionnaire de fonds torontois Sentry Select Capital, avec 12,5% des actions. Suivent la firme d'investissement américaine Vanguard Group, avec 7,5% des actions, et la financière Prudential, avec 2,2% des titres. Les autres actionnaires ont moins de 2% du capital.