Le retour en grâce de l'énergie nucléaire pourrait être compromis par la crise que traverse actuellement le Japon. Deux pays européens, la Suisse et l'Allemagne, ont annoncé hier un gel des nouveaux projets nucléaires.

La chancelière allemande Angela Merkel a annoncé un moratoire de trois mois sur une prolongation du permis de 17 réacteurs nucléaires existants, qui avait été annoncée en septembre dernier. L'Allemagne, qui tire entre le quart et le tiers de son électricité du nucléaire, devra selon la BBC fermer ses deux réacteurs les plus vieux, qui datent du milieu des années 70 et dont le permis viendra à échéance avant la fin du moratoire. La Suisse, quant à elle, a mis sur la glace un projet de trois nouvelles centrales, qui auraient doublé son parc nucléaire.

La «renaissance» du nucléaire dépend bien plus des pays émergents, dont aucun n'a annoncé de moratoire jusqu'à maintenant. Selon l'Association mondiale du nucléaire, regroupement de fabricants, la moitié des 62 réacteurs en construction se trouvent en Chine et le tiers dans d'autres pays émergents.

Aux États-Unis, le gouvernement fédéral tente depuis cinq ans de relancer l'industrie, dont la réputation ne s'est pas relevée des accidents de Three Mile Islands (1979) et Tchernobyl (1986). Des promesses de garantie de prêts et d'accélération du processus réglementaire n'ont pas réussi à convaincre les promoteurs d'une dizaine de projets en planification d'aller de l'avant. Un seul projet, qui était déjà en cours de construction depuis les années 90, a été terminé. Le gouverneur du Vermont a par exemple annoncé qu'il ne renouvellerait pas le permis de sa seule centrale nucléaire, qui vient à échéance en 2012, et dont le propriétaire a annoncé la mise en vente.

Au Québec, la centrale Gentilly-2 est actuellement en cours de réfection pour que sa durée de vie soit prolongée jusqu'en 2040. Le Canada tire de 10 % à 15 % de son électricité du nucléaire, loin derrière le leader mondial, la France, avec plus de 75 %.

Selon l'Agence internationale de l'énergie, la proportion du nucléaire dans l'utilisation totale d'énergie (en incluant les transports) passera de 6 % à 8 % d'ici à 2035.