Le cours de l'or a progressé cette semaine, porté par les tensions géopolitiques au Moyen-Orient et un regain d'inquiétudes sur les tendances inflationnistes en Chine et aux États-Unis, tandis que l'argent, prisé des investisseurs spéculatifs, touchait un sommet depuis 1980.

Or

«Les révoltes au Moyen-Orient et les craintes que l'inflation ne conduise à des hausses des taux d'intérêts (en Chine, aux États-Unis et en Europe, ndlr) ont constitué cette semaine un cocktail propre à conforter le marché des métaux précieux», résumait James Moore, analyste de la société The Bullion Desk.

Après l'Égypte, la propagation du mouvements de contestation en Iran, au Yémen et en Libye, entretenait la nervosité des investisseurs: l'annonce par Israël que l'Iran devait envoyer deux navires de guerre en Méditerranée via le Canal de Suez a fait bondir le cours de l'or de plus de 10 dollars mardi.

D'autre part, les inquiétudes grandissantes sur l'inflation en Asie comme aux États-Unis renforçait l'appétit pour le métal jaune, considéré comme la couverture idéale contre la volatilité des prix et les tendances inflationnistes.

La hausse des prix à la consommation a ainsi commencé à donner des signes d'accélération en janvier aux États-Unis (+0,4% sur un mois en janvier), tandis qu'elle s'est élevée à 4,9% en janvier sur un an en Chine, un chiffre soutenu.

Par ailleurs, «la demande physique reste exceptionnellement solide. Alors qu'on s'attendait à un ralentissement de l'activité chinoise après le Nouvel an lunaire, cela a été loin d'être le cas, et le volume d'échanges en début de semaine sur le Shanghai Gold Exchange a même atteint un niveau record», ajoutait David Wilson, de Société Générale.

Selon les derniers chiffres du Conseil mondial de l'or, la consommation mondiale d'or a bondi de 11% sur un an au dernier trimestre 2010, à 955,5 tonnes, largement due à la demande du secteur de la bijouterie, qui s'est envolée à 575 tonnes, dominée par des achats records en Inde et en Chine.

Le cours du métal jaune a grimpé vendredi jusqu'à 1.388,57 dollars l'once, son plus haut niveau depuis la mi-janvier.

Sur le London Bullion Market, l'once d'or a terminé vendredi à 1383,50 dollars au fixing de l'après-midi contre 1364,00 dollars le vendredi précédent.

Argent

Le cours de l'argent, considéré par les investisseurs comme une alternative moins onéreuse à l'or, a accéléré sa hausse cette semaine, s'envolant jusqu'à 32,82 dollars l'once vendredi, un niveau plus vu depuis mars 1980.

L'appétit des investisseurs spéculatifs, mesuré notamment à travers les ETF (fonds cotés adossés à des stocks physiques d'argent), ne cesse de croître, observaient les analystes de Commerzbank.

Il s'ajoute à une demande industrielle déjà solide (80% de la consommation totale d'argent), alimentée par la solide croissance asiatique et la reprise de l'économie américaine (l'activité industrielle des régions de New York et Philadelphie s'est accélérée en janvier).

Le prix du métal gris a terminé vendredi à 31,94 dollars l'once contre 30,00 dollars une semaine auparavant.

Platine/palladium

Le palladium s'est hissé vendredi à un nouveau sommet, atteignant 853,40 dollars l'once, son plus haut niveau depuis 10 ans, alors que les investisseurs continuent de redouter l'accroissement des tensions sur l'offre.

Sur le plan de la demande, «l'annonce d'une baisse de plus de 10% sur un mois des ventes de voitures en Chine en janvier est à relativiser, en fait, sur un an, cela correspond à une hausse de 15,3%», soulignait le cabinet Johnson Matthey, spécialisé sur les platinoïdes. L'industrie automobile est le principal débouché de ces métaux.

Sur le London Platinium and Palladium Market, l'once de platine a terminé vendredi à 1836 dollars contre 1829 dollars le vendredi précédent.

L'once de palladium a fini à 847 dollars contre 822 dollars une semaine plus tôt.