Conscient qu'il ne peut pas mettre une cloche de verre pour protéger son île, le maire de la municipalité d'Anticosti ne s'oppose pas à l'exploration de ses sous-sols par la firme Pétrolia (V.PEA), plus sensible, selon lui, aux préoccupations de la population qu'Hydro-Québec.

Alors que l'opposition péquiste dénonçait, lundi, le fait que la société d'État ait cédé, en 2007, les droits d'exploration de l'île à Pétrolia, le maire Denis Duteau se disait, en entrevue avec La Presse Canadienne, plutôt rassuré par l'approche adoptée par la firme privée.

Depuis que la société basée à Rimouski explore le potentiel pétrolier de l'île, M. Duteau dit être beaucoup mieux informé de ce qui se passe puisqu'il rencontre régulièrement son président.

À l'époque d'Hydro-Québec, a relaté le maire, aucune rencontre d'information n'était organisée et seule l'arrivée de la machinerie sur l'île témoignait de la présence de la société d'État, qui n'a pas trouvé le gros lot alors qu'elle possédait les permis.

Mais la semaine dernière, le quotidien Le Devoir révélait que Pétrolia et son partenaire, Corridor Resources [[|ticker sym='T.CDH'|]] avaient découvert du pétrole sur la plus grande île du Québec. Il serait même question du «potentiel terrestre le plus élevé» de la province.

Cette nouvelle n'a pas étonné le maire outre mesure, puisque, dit-il, cela fait plus de 30 ans que l'on crie victoire, et qu'ensuite les espoirs sont déçus. Mais il admet néanmoins réfléchir de plus en plus aux retombées de l'exploitation pétrolière puisque la population de l'île de quelque 230 habitants est en déclin.

Les activités de pourvoiries sont de moins en moins rentables, explique M. Duteau. Et l'arrivée d'un nouveau moteur économique serait bienvenue.

«Dans le meilleur des mondes, il n'y en aurait pas, on garderait l'île sous une cloche de verre, on dirait qu'il ne faut pas y toucher, c'est un joyau du Québec. Mais en même temps, ce n'est pas ce qui va faire survivre la population qui est dessus. Si on veut assurer une viabilité pour notre communauté, il ne faut pas fermer les yeux sur les diversifications économiques», a dit le maire.

M. Duteau reconnaît néanmoins que la majorité des habitants de l'île y ont élu domicile en raison de sa «nature incroyable» et de son «milieu isolé».

«C'est tout cela qu'il faut essayer de jauger, et en plus, on n'a même pas le contrôle sur nos ressources naturelles», a fait valoir, lucide, M. Duteau.

Il rappelle aussi que le territoire de l'île d'Anticosti couvre environ 8000 kilomètres carrés et qu'environ 10 kilomètres sont habités. De plus, le pétrole aurait été découvert au nord-est de la région, soit du côté moins peuplé. Il dit également préférer des forages terrestres plutôt qu'aquatiques.

«C'est la meilleure ou la moins pire des solutions», a-t-il affirmé.

«On a l'impression qu'on est capable d'avoir notre mot à dire pour que le développement se fasse sans que cela heurte nos moeurs et coutumes et qu'on puisse en tirer profit sans juste avoir les côtés négatifs», a soutenu Denis Duteau.

Et la population aurait toujours vu d'un oeil plutôt favorable l'exploration puisque cela amène un certain dynamisme au village.

«Mais la journée où ils vont dire 'on a ce qu'on veut et on rentre faire de l'exploitation', cela va changer la donne», a conclu le maire, ajoutant qu'il est cependant très difficile de prédire l'avenir.