Les prix du pétrole se sont nettement repliés vendredi, le baril revenant sous les 90 dollars à New York et sous 100 dollars à Londres, alors que les opérateurs spéculaient sur un départ du président égyptien Hosni Moubarak.

Sur New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» pour livraison en mars a terminé à 89,03 dollars, en baisse de 1,51 dollar par rapport à la veille.

À Londres, sur l'IntercontinentalExchange, le baril de Brent de la mer du Nord à échéance identique a abandonné 1,93 dollar à 99,83 dollars.

Il avait passé la barre des 100 dollars lundi pour la première fois depuis octobre 2008.

Les cours, en hausse en début de séance, ont brusquement décroché en raison de «rumeurs indiquant que M. Moubarak allait quitter l'Égypte», a observé Andy Lipow, de Lipow Oil Associates.

«Si cela se produisait, on pourrait s'attendre à voir la tension retomber», a-t-il expliqué. «Cela ferait diminuer le risque de perturbation des approvisionnements».

Le pays n'est pas un gros producteur de brut, mais le pays abrite deux voies stratégiques acheminant le pétrole du Moyen-Orient, de la mer Rouge à la Méditerranée: le canal de Suez et l'oléoduc Suez-Méditerranée (Sumed).

Ces rumeurs ont parcouru le marché pétrolier alors que de nouvelles manifestations massives avaient lieu dans le pays, et que la pression internationale en faveur de changements politiques s'intensifaient.

Selon l'ONU, la révolte a fait au moins 300 morts en onze jours.

«La chute des prix du brut est intervenue au moment où circulaient des rumeurs indiquant que M. Moubarak allait démissionner», a rapporté de son côté Rich Ilczyszyn, de la maison de courtage Lind-Waldock.

«Je ne vois pas en quoi cette nouvelle est négative pour les prix du pétrole, mais c'est la seule raison. Ce n'est pas la Bourse, ce n'est pas le dollar», a estimé l'analyste. «Peut être que l'idée, c'est qu'une solution va être trouvée plus rapidement».

«Pour moi, l'incertitude, c'est ne pas savoir qui va diriger le pays», a-t-il ajouté.

En début de séance, les cours s'étaient maintenus dans le vert, montrant peu de réaction aux statistiques officielles du chômage aux Etats-Unis, où «chacun trouve des bonnes ou mauvaises nouvelles», a estimé Andy Lipow.

Le taux de chômage est tombé à 9,0% en janvier, son plus bas niveau depuis avril 2009, mais ce recul s'explique en partie par des facteurs statistiques.

De leur côté, les créations d'emplois (36.000) ont été quatre fois moins importantes qu'anticipé par les économistes, mais la rudesse de l'hiver dans une grande partie du pays a ralenti le marché du travail.