Le groupe pétrolier anglo-néerlandais Shell a annoncé jeudi un bond de 61% de son bénéfice annuel 2010, à 20,13 milliards de dollars, profitant de la reprise mondiale et des cours élevés du pétrole, une performance qui a néanmoins déçu les investisseurs.

La production annuelle du groupe s'est accrue de 5%, à 3,314 millions de barils équivalent pétrole par jour (bep/j), tandis que son chiffre d'affaires a atteint 378,16 milliards de dollars, en hausse de 32%.

«Nos profits 2010 se sont accrus de manière substantielle par rapport à 2009 grâce à une amélioration des fondamentaux du secteur, et nos bonnes performances en termes de coûts et de production», a déclaré le directeur général Peter Voser dans un communiqué.

Pour le seul quatrième trimestre, les revenus de BP ont bondi à 105,5 milliards de dollars, grâce à la hausse continue du prix du pétrole qui vient de refranchir le seuil des 100 dollars le baril sur le marché londonien. Et le bénéfice net part du groupe a explosé à 6,79 milliards de dollars, quatre fois plus qu'un an plus tôt.

Mais les investisseurs s'attendaient à encore mieux, les analystes tablant sur près d'un milliard de bénéfices supplémentaires.

Autre déception pour les investisseurs, le report à 2012 du programme de forages sous-marins projeté par Shell au large de l'Alaska, qui devait démarrer l'an dernier. Le titre a été immédiatement sanctionné à la Bourse de Londres, finissant la séance sur une chute de 3,27% à 2.177,5 pence, dans un marché londonien en repli de 0,28%.

Durant l'année écoulée, Shell a cédé en 2010 pour 7 milliards de dollars d'actifs, portant à 30 milliards le montant total de ses cessions durant les cinq dernières années. Et il table sur des produits de cessions de l'ordre de 5 milliards cette année, dont deux milliards liés à des transactions conclues fin 2010. Le groupe a notamment accéléré le recentrage de ses activités de raffinage, en se défaisant des raffineries petites ou isolées, au profit des grands complexes.

Dans le cadre de cette stratégie, le groupe a ainsi vendu l'an dernier ses réseaux de stations-service en Suède et en Finlande et sa raffinerie suédoise de Göteborg pour près d'un demi-milliard d'euros (environ 675 millions de dollars).

Il est toujours en négociation avec plusieurs repreneurs potentiels pour ses raffineries de Hambourg, en Allemagne, et de Stanlow, en Angleterre.

En ce qui concerne les activités d'extraction, le groupe a noté avoir bénéficié en 2010 d'une amélioration des conditions de sécurité au Nigeria, qui lui a permis d'accroître sa production globale de 120 000 bep/j.

Les résultats de Shell ont été publiés deux jours après ceux de son grand rival britannique BP, qui a fait état d'une perte annuelle de 4,9 milliards de dollars en 2010, sa première depuis 1992, en raison des coûts colossaux engendrés par la marée noire dans le golfe du Mexique.