L'ex-premier ministre du Québec Lucien Bouchard prend la relève d'André Caillé à la tête de l'Association pétrolière et gazière du Québec (APGQ) qui défend le délicat dossier des gaz de schiste.

L'ancien ministre fédéral de l'Environnement sous Brian Mulroney devra maintenant redorer l'image de l'industrie du gaz de schiste aux yeux de beaucoup de Québécois, inquiets des conséquences environnementales de cette forme d'exploitation gazière.

«Je vois la découverte au Québec de volumes importants de gaz naturel comme un atout très important pour notre développement économique et le financement des missions de notre État», a déclaré Lucien Bouchard. Ce dernier insiste sur le fait que ce développement devra entraîner un enrichissement public et non pas seulement privé. «J'entends donc remplir mon mandat avec la certitude de devoir travailler dans le meilleur intérêt de notre collectivité», affirme M. Bouchard.

Le renommé avocat se dit aussi très conscient de la nécessité de procéder à ce développement dans le «plein respect d'exigences exemplaires du point de vue de l'environnement, de la sécurité publique, de la transparence et de l'acceptabilité sociale», précise-t-il.

Le nouveau porte-parole de l'industrie entend d'ailleurs élaborer un plan «en rapport» avec les recommandations du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement qui seront déposées dans quelques semaines.

André Caillé se retire après une dure bataille

Lucien Bouchard deviendra ainsi président du c.a. de l'association le 21 février prochain, date de la prochaine assemblée générale de l'organisation. Les membres du conseil d'administration de l'APGQ ont entériné cette nomination lors d'une réunion tenue ce matin.

André Caillé, dont le mandat est terminé, demeurera membre du conseil d'administration et du comité exécutif de l'association.

Rappelons que l'homme de 67 ans a passé plusieurs semaines en 2010 à effectuer une tournée d'information au Québec et a été souvent malmené par le public et certains environnementalistes. Son médecin lui avait d'ailleurs suggéré de prendre une période de repos en octobre dernier.

Il se dit fier du travail accompli au cours des derniers mois. «Mon but a toujours été de travailler dans les meilleurs intérêts du Québec. Je suis convaincu que Lucien Bouchard sera en mesure de rallier les Québécois autour de ce projet créateur de richesses», a conclu André Caillé.

Réactions positives

L'arrivée de Lucien Bouchard à la tête du lobby de l'industrie gazière va assainir le débat, pense la ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau.

En vacances en Floride, Mme Normandeau a tenu à réagir à la nomination de l'ex-premier ministre péquiste, la qualifiant «d'agréable surprise».

«C'est un homme qui a toujours été reconnu pour ses qualités de leader, de rassembleur, il est extrêmement rigoureux. On pense que ça va contribuer à améliorer le débat pour les étapes à venir», a dit la ministre en entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne.

Selon elle, le recrutement de M. Bouchard envoie aussi un signal fort de la part d'une industrie qui cherche à se refaire une image.

«C'est clair que l'association a senti le besoin, en nommant M. Bouchard, de travailler à développer des modèles d'affaires avec les communautés et qu'il y ait une plus grande communication entre les entreprises et les citoyens. Et M. Bouchard a cette capacité de faire atterrir ça», a-t-elle dit.

Le gouvernement Charest a haussé le ton la semaine dernière envers les promoteurs du gaz de schiste, les enjoignant de faire preuve de plus de rigueur, en raison notamment d'un cas de fuite dans un puits d'exploration.

Québec ne fera aucun compromis sur la sécurité de la population, a répété mardi la ministre des Ressources naturelles.

«On a toujours dit que cette filière ne se développera pas à n'importe quel prix et que si l'industrie gazière ne se conforme pas aux lois et règlements et qu'elle refuse de se conformer aux standards, c'est évident qu'elle sera invitée à investir ailleurs qu'au Québec», a-t-elle dit.

En faveur de l'exploitation des gaz de schiste, Gérard Deltell a applaudi l'entrée en scène de M. Bouchard.

M. Bouchard est un «homme de réalisation, de leadership, de conviction et qui a la confiance des Québécois, contrairement à Jean Charest qui n'a rien de tout ça», a lancé le chef de l'Action démocratique, en point de presse, au terme du caucus de son parti à Québec.

Avec son charisme et le respect qu'il inspire, l'ancien premier ministre est l'homme qu'il faut pour faire tourner le vent en faveur des gaz de schiste, croit M. Deltell.

«C'est bon signe pour le Québec parce qu'on a besoin de cette industrie, on a besoin des retombées économiques, on a besoin de développer cette industrie pour nos finances publiques mais également pour notre industrie en général», a-t-il fait valoir.

Avec La Presse Canadienne.