Le prix du pétrole brut va-t-il se stabiliser ou fortement augmenter cette année? La réponse varie beaucoup dépendamment à qui on pose la question.

L'Arabie saoudite, membre influent de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), prévoit pour 2011 une augmentation de la demande mondiale en pétrole, mais aussi une certaine stabilité des prix sans entrer dans les détails. De son côté, le Centre for Global Energy Studies (CGES) estime que l'incapacité de l'OPEP à répondre à une demande mondiale croissante poussera à la hausse les cours du baril, probablement au-delà des 100 $ US.

Le ministre saoudien responsable du pétrole, Ali Naimi, croit que la demande quotidienne en pétrole brut atteindra 1,8 million de barils cette année. Il estime que l'augmentation sera largement attribuable aux fortes croissances des marchés de la Chine et de l'Inde, mais il s'attend aussi à une plus grande demande aux États-Unis, bien que plus modeste.

Lors d'une conférence prononcée lundi à Riyad, le ministre Naimi a ajouté que les prix ne devraient pas fluctuer beaucoup en 2011. Le baril se maintient actuellement à plus ou moins 90 $ US.

Selon l'Arabie saoudite, les pays membres de l'OPEP pourraient augmenter leur production cette année, «afin de faire face à une demande mondiale en hausse».

Vers une détente du prix du brut?

Des analystes de JP Morgan estiment que le ministre saoudien, dont le pays est le premier exportateur mondial de brut, «prévoit une forte demande: c'est un signal fort que l'Arabie saoudite est peu inquiète de l'augmentation de l'offre».

«Certaines informations indiquent que l'Arabie saoudite augmente déjà sa production depuis janvier 2010, certains depuis juin, d'autres depuis décembre. Dans tous les cas, il semble que plus de pétrole arrive sur le marché, ce qui va réduire le déficit de l'offre et va réduire les prix», ont-ils poursuivi.

Le brut à plus de 100 $ US le baril

Le cabinet CGES estime de son côté que l'OPEP sera incapable de répondre à la demande grandissante.

«Tout comme début 2008, on voit les prix s'approcher du seuil psychologique des 100 $ US et à nouveau les ministres de l'OPEP refusent de reconnaître que ce sont les fondamentaux du marché (offre et demande) qui soutiennent les cours», relèvent les analystes du CGES.

Dans leur rapport mensuel, ces derniers pointent l'absence de volonté des membres du cartel d'augmenter leur production, alors que la plupart des pays producteurs de l'organisation, ces dernières semaines, ont jugé le niveau de 100 dollars était «satisfaisant».

«À chaque fois que les prix s'approchent d'un niveau qui devait entraîner une réponse de l'organisation, l'OPEP trouve de bonnes raisons pour ne rien faire, préférant continuer à regarder monter les cours sans se préoccuper des répercussions sur la future demande de pétrole», ajoutent-ils.

L'ampleur de la hausse des cours du baril en 2011 «dépendra donc de la réaction de la demande face à des prix qui, très probablement désormais, ressortiront en moyenne au-dessus de 100 $ US le baril cette année».

Sous les 90 $ US le baril

Les cours du pétrole évoluaient en berne lundi en fin d'échanges européens, proches de l'équilibre à Londres et en nette baisse à New York.

Vers 12H00, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars, s'échangeait à 97,66 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, grignotant 6 cents par rapport à la clôture de vendredi.

Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour la même échéance lâchait quant à lui 1,11 dollar à 88,00 dollars, après être tombé jusqu'à 87,40 dollars, son plus bas niveau depuis deux semaines.

D'après AP et AFP.